La première librairie coopérative de Bruxelles !
Commandez en ligne 24h/24, 7jours/7 !

Click and collect (commande en ligne et livraison gratuite en magasin)
Livraison à domicile à vélo via une coopérative locale dans toute la Région Bruxelles Capitale !

Chaussée d'Alsemberg, 374
1180 Uccle - BRUXELLES
contact@quartierlibre.coopTel.: +32 23 15 45 27

 

 

Yv

http://lyvres.over-blog.com/

Je lis, je lis, je lis, depuis longtemps. De tout, mais essentiellement des romans. Pas très original, mais peu de lectures "médiatiques". Mon vrai plaisir est de découvrir des auteurs et/ou des éditeurs peu connus et qui valent le coup.

20,00
Conseillé par
11 janvier 2013

Le café est le personnage principal de ce roman. Pour moi qui lis préféremment assis -ou semi-allongé- sur le canapé du salon, ma tasse de café pas loin histoire de lamper une ou deux gorgées entre deux paragraphes, c'est le roman idoine. Sauf que Olivier Bleys est tellement bien documenté et précis que mon breuvage habituel a un goût amer. Il nous décrit tellement bien la torréfaction, l'écoulement du liquide dans les tasses que j'aimerais bien goûter à l'un des cafés du maître Pietrangeli.

J'en ai eu l'eau à la bouche pendant toute ma lecture ! Et pourtant, ce n'est pas gagné au départ : "Prises telles quelles, sur la branche, les cerises de café n'ont rien à offrir : ni le goût, très amer ; ni l'aspect, celui d'une baie vénéneuse comme en portent tant de buissons. C'est à se demander quelle inspiration l'homme a eue de les boire." (p.333/334)
Les autres personnages sont tous les membres de la famille Pietrangelo, Massimo en tête, Massimo qui subit une attaque : "Maintenant, il gisait là, les jambes réunies sous un simple drap, les bras dans l'alignement du buste, la tête dépassant seule d'une couverture tirée jusqu'aux épaules, et de si peu de poids, sur l'oreiller taché de sueur, qu'à peine elle y creusait sa forme ronde. Le maître de café n'avait plus sa connaissance et rien qu'une apparence de vie qui tenait tout entière dans une petite veine bleue palpitant à son poignet. Il fallait venir tout contre ses lèvres pour sentir un frisson tiède, dernier vestige de la respiration." (p.29). Au cours de leur voyage, Massimo, d'habitude peu enclin aux confidences, va s'ouvrir de plus en plus, se livrer, à sa fille romancière, Chiara. Les liens qui s'étaient distendus entre tous se resserrent un peu. Mon petit bémol viendrait peut-être des seconds rôles tenus par les enfants Pietrangeli qui écoutent et subissent leur père et dont on n'apprendra rien ou très peu. Eux, restent assez effacés face à cette grande figure du maître Massimo. Un parti pris respectable d'Olivier Bleys qui centre son histoire sur Massimo et son rapport au café. Et puis tout est pardonné à un auteur qui écrit aussi bien. L'art de faire de belles phrases, de changer parfois tout simplement la place d'un mot pour que la phrase entière sonne mieux.
Un roman qui commence assez lentement comme un café allongé -mais toujours au graines choisies- avec un rien d'ironie, d'humour qui égaye la lecture, puis qui se met de plus en plus à ressembler à un ristretto -pas celui de M. Clooney, non, un vrai celui de Massimo Pietrangelo !- parsemé de grosses touches de burlesque (la description du convoi familial est très visuelle et drôle), de délicatesse, de tendresse et d'amour.
Vous en prendrez bien une tasse ?

PS : Olivier Bleys a écrit plusieurs romans mais je n'en ai lu qu'un autre de lui qui m'a laissé un excellent souvenir : Le colonel désaccordé. Si un voyage au Brésil d'il y a deux cents ans vous intéresse, n'hésitez pas.

Frédérick Rapilly

Critic

16,00
Conseillé par
7 décembre 2012

Classique

Ce roman policier est une suite de Le chant des âmes, un polar original et de très bonne qualité. Dans Le chant du diable, F. Rapilly rappelle l'intrigue de son précédent roman, ce qui permet soit de se replonger dedans (pas inutile lorsque qu'on a lu le premier il y a plus d'un an) soit de lire le second indépendamment du premier. Il reprend également ce qui a fait le succès de son premier, à savoir une intrigue autour de la musique (avec bande-son et play-list) ; chaque chapitre est introduit par des phrases de la chanson Paint it black des Rolling Stones. Pas désagréable, mais la surprise du premier est un peu émoussée et resservir les mêmes recettes peut fatiguer. C'est un peu le cas en ce qui me concerne.

Je me suis longtemps demandé ce qui pouvait lier les deux affaires, pourquoi Katie et Marc ne se rencontraient jamais dans ce roman. Pourquoi pas me direz-vous ? Eh bien oui, vous renchérirais-je, pourquoi pas ? C'est un parti pris de l'auteur tout à fait respectable, qui peut néanmoins gêner le lecteur. Mais il peut aussi plaire, parce que non conforme à ce qu'on lit habituellement où le duo fonctionne en osmose ; personnellement, ce côté un peu hors cadre me plaît bien. Là où j'émettrais une réserve c'est sur les deux personnages d'hommes : Marc est un solitaire qui a perdu sa femme dans un attentat, et qui, attention c'est horrible, avait retrouvé le goût de vivre grâce à Jillian, une D'Jette, mais elle est portée disparue à la fin du tome précédent en tentant de confondre le tueur en série. Donc le voilà de nouveau revenu de tout, blasé, dégoûté de la vie... Vous croyez que j'en fais trop ? Que nenni, c'est pas moi... Quant à Kiefer Wiseman, F. Rapilly lui consacre quelques pages en italique sensées instiller une dose de suspense supplémentaire, or elles font pschittt tel que l'a si bien un ancien Président. Et moi de me questionner sur l'utilité de ces pages en me disant : "tout ça pour ça !"

Pour résumer, je dirais que Frédérick Rapilly reprend tous les codes du genre, insérant ici où là quelques surprises mais surtout de gros clichés.

Néanmoins, je me dois de dire que ce roman policier se lit très vite et qu'on se laisse prendre à son intrigue (même si la fin est un peu vite bâclée). Écriture simple, rythme rapide, tout ce qu'il faut pour tenir et retenir le lecteur : "Le souffle court, Katie dévisageait le rédacteur en chef adjoint, cherchant un contact visuel, guettant ses gestes avant qu'il ne poursuive. En la comptant, ils n'étaient que quatre dans la pièce, un bureau du journal plongé dans un début de pénombre maintenant que le jour commençait à s'enfuir. Nul ne soufflait mot. Katie attendait. C'était comme si le Mal s'était brusquement invité au milieu de leur petite assemblée, une présence indicible mais insidieuse." (p.42).

Du travail bien fait, avec rien qui ne dépasse, auquel il manque juste la petite étincelle du premier tome, mais qui ne devrait décevoir aucun lecteur.

18,00
Conseillé par
7 décembre 2012

Dérangeant et exigeant

Très difficile à résumer ce bouquin, je ne suis pas sûr d'y être réellement parvenu. Il manque des éléments, j'ai peur d'en avoir interprété d'autres. Écrit par une femme, c'est un roman sur les femmes. Sur leurs vies dans ces années-là au Liban. Hala, comme beaucoup se soumet à l'autorité plus qu'elle n'obéit. L'autorité des hommes mais aussi et surtout celles des mères, fortes, qui elles-mêmes ont eu une vie difficile. Dans le milieu dans lequel elle évolue, aucune déviance n'est tolérée : boulimie, homosexualité, sexualité avant mariage, même en parler est péché ! La religion culpabilisante ! "Le plaisir est une porte ouverte sur la dégradation de l'autorité. Il faut annuler le plaisir par la culpabilité. L'énergie calorique sans la culpabilité, c'est la révolution assurée." (p.26)

Hala grandit dans l'espoir de récolter de l'amour de sa mère, or celle-ci ne s'intéresse qu'à son dernier-né, Hicham :

"J'attendais que la colère la quitte pour me blottir en rêve dans ses bras. Chaque fois qu'elle les ouvrait, je me précipitais la première et arrivais quand elle les avait déjà refermés sur Hicham. La nuit, je rêvais de son parfum. Le matin, à l'affût du moindre signe, j'étais heureuse lorsqu'elle était détendue. Son sourire ressemblait à un arc-en-ciel retourné. Avec le temps, je me fis une raison. La tendresse, comme la colère, devait être une possession dont la mère était victime. Elle passait de l'une à l'autre sans raison." (p.19)

Ce roman est toute la vie de Hala, de son enfance à sa vie de femme. Les hommes y sont peu présents, mais importants par les actes qu'ils commettent ou au contraire par leur indifférence au sort des filles et par leur souhait de ne pas s'immiscer dans l'autorité maternelle (pour avoir la paix et vivre tranquillement), sous prétexte d'aller travailler pour faire vivre la famille. Plus tard elle les découvrira transparents, se désagrégeant petit à petit. Ce sont donc les mères qui éduquent les enfants, durement comme elles l'ont été ; celle de Hala est changeante : "Ma mère souffrait d'automutilation retournée sur autrui. A travers moi, elle punissait son propre sexe." (p.31/32)

C'est un livre qui se mérite : sa lecture n'est pas évidente, demande de l'attention, mais on n'en décroche pas. Hyam Yared est poétesse et romancière et son écriture s'en ressent. Des passages très beaux alternent avec d'autres plus crus, directs. La lecture est déconseillée aux pudibonds, mais fortement recommandée aux autres. Si certaines phrases sont un peu plus ardues à saisir, et certains passages un peu plus longs, je ne me suis jamais ennuyé dans ce livre. Hyam Yared développe un style qui accroche et garde le lecteur. Une sorte de fascination ou d'ensorcellement qui vous mènera au bout de cette histoire de femme libanaise, qui pourrait bien représenter une femme universelle.

Georges Flipo

Anne Carrière

18,00
Conseillé par
6 novembre 2012

Il commence par ces mots (dans Le club Vie Intense) : "Immuables. Les dîners chez les Pontignac étaient immuables jusque dans leur grain de folie. Chaque deuxième samedi du mois, Monsieur et Madame recevaient une vingtaine d'amis, tous gens de bonne compagnie, notables de Nantes dans la cinquantaine avancée, et les répartissaient en trois tables, en imposant la dissociation des couples puisqu'on était à l'âge où le verbe se libère plus volontiers en l'absence du conjoint. Les recettes de Darawalee, leur domestique thaïlandaise, étaient très appréciées et s'entouraient de mystères qui ajoutaient une pincée de piment à leur saveur -c'est délicieux, chère amie, ces pak-choï au crabe, comment votre petite prépare-t-elle cela ? Ah, tout simplement avec du crabe et des pak-choï, oui, bien sûr." (p.11) Et l'on sent tout de suite que le ton sera ironique et moqueur. C'est vrai, certes, mais pas que... Car l'auteur crée des personnages auquel il, et nous lecteurs avec lui, nous attachons. A certains beaucoup moins, ceux qui ont le pouvoir aussi minime soit-il.

Mais malgré tout, ils ne sont pas totalement antipathiques, plutôt maladroits, et pris dans un système qui les empêche d'agir plus humainement. Et là, je pense particulièrement à la nouvelle Tous ensemble, mais sans plus qui raconte l'entretien de Raoul Noir pour un poste important dans une entreprise de parfums. Ou alors, ils sont "plus bêtes que méchants", comme on dit par chez nous, notamment les collègues de l'entreprise de Sabrina (dans Changement de look) qui l'obligent à rentrer chez elle ré-habillée par une spécialiste du relookage, sans penser aux conséquences éventuelles.
Il est beaucoup question de différence sociale, de différence culturelle, de différence d'instruction, d'éducation et même de différence de niveau de langue comme Jacek qui redoute le quiproquo dû à son français approximatif (La maîtrise de la langue). Toutes difficilement surmontables. Ce n'est pas du pessimisme. C'est malheureusement une réalité : que peuvent avoir à se dire un dirigeant de petite entreprise, lecteur de philosophie et aspirant à un repos au calme, une sorte de retraite solitaire et un amateur de sudoku et de jeux télévisés, qui plus est, bavard (Le monsieur de l'autre lit) ? Un mariage est-il possible voire souhaitable entre une jeune fille de bonne famille et un jeune homme (qui s'aiment) à la réussite avérée certes, mais issu d'un milieu modeste et qui malgré des efforts garde en lui des pans de son éducation (Les choses du marais) ? Oublie-t-on ses amours de jeunesse lorsqu'on a "réussi" (Gracieusette)?
D'autres sont plus optimistes et jouent avec ces codes : Le naturalisme chez Zola (ou comment passer un oral de littérature), Sainte Pauline des Tandas (comment le tango rapproche les gens pour peu que l'on ait un peu de coeur.
Quatorze nouvelles très bien écrites, tour à tour tendres, drôles, dures, réalistes, parfois tout en même temps, pas forcément avec des chutes tragiques ou comiques. Parfois, juste des tranches de vies. J'ai une tendresse particulière pour celles qui justement finissent sans chute et qui font s'interroger tout le monde, lecteurs et personnages et peut-être même auteur : La vache et le tigre, Changement de look ou L'heure du bain. Ah, celle-ci je l'aime beaucoup. Bourrée de tendresse sans être gnangnan. Parler de l'amour des personnes âgées en finesse mais très directement n'est pas aisé. "Hélène n'avait pas de telles préventions. Elle imaginait toute cette vie sexuelle endormie qui s'éveillerait, maladroitement sans doute, mais avec tant de sincérité. Revivre à deux, finir à deux. Elle n'avait aucun souvenir de sa dernière nuit d'amour avec son mari. Cette nuit-là, savait-elle que c'était la dernière ? Désormais, elle vivrait chaque nuit à deux comme si ce devait être l'ultime et mémorable." (p.266)
Souvent lorsqu'on ouvre un livre de nouvelles, on en lit une puis deux et ensuite on ouvre un autre livre, puis on reprend le recueil de nouvelles pour une ou deux, et ainsi de suite. M'est avis, que comme moi, vous ouvrirez ce bouquin et n'en prendrez un autre que lorsque vous l'aurez fini.

Fond Tiroir

17,00
Conseillé par
6 novembre 2012

Et Fabrice Vigne de raconter le quotidien d'un maître coutelier, de ses débuts dans l'atelier de son maître jusqu'à la fin de son activité, lorsque les artisans vivent mal de leur art. Cet homme raconte l'histoire du couteau à sa manière, comment le premier singe qui aiguisa une pierre pour la rendre tranchante inventa le premier couteau et devint un homme : "L'homme naquit en même temps que son couteau. Alors, l'homme, conscient d'être plus dangereux grâce à son corps perfectionné, osa s'attaquer au renne, au boeuf musqué, ou au mammouth, il les chassa et revint vainqueur de la chasse, il découpa leur viande, il découpa leur cuir, il découpa leurs chairs et leurs os. Le premier homme dans un monde de singes était un prédateur et tranchait dans le vif." (p.5)


Et l'homme de continuer sa réflexion sur l'usage du couteau à travers les âges et de lier l'histoire de l'homme à celle de son outil premier. Tant dans le bien qu'il a pu faire avec cet instrument que dans ses dérives meurtrières forcément, le second tranchant de la lame. Très beau texte, encore une fois, de Fabrice Vigne qui tourne autour de l'homme et de son attachement au couteau. Nos pères -le mien au moins- avaient un couteau dans leur poche. Moi-même, l'un de mes premiers achats fut pour cet instrument et je vois bien encore l'attrait de l'objet dans les yeux des garçons de la maison : c'est peut-être un caractère essentiellement masculin, un gène que l'on tient de nos ancêtres hommes-singes-chasseurs ; mesdames, contredisez-moi si je me trompe ! Peut-être me direz-vos surtout que nous autres garçons ne sommes pas encore sortis de cette époque mi-homme-mi-singe, mais là, je vous arrête tout de suite, parce que ce n'est pas du tout l'objet du livre, non mais dites donc ! Et en plus c'est moi qui commande sur mon blog (enfin.., quand Madame Yv n'en prend pas les commandes) !
E le texte d'être richement illustré par Jean-Pierre Blanpain : les dessins de tourner autour du thème du livre bien entendu, des épisodes historiques ou légendaires ou des scènes de la vie quotidienne qui se sont déroulés -ou se déroulent encore- avec des couteaux. Des dessins sur fonds noirs ou blancs dans lesquels ne figurent que ces deux couleurs et du rouge par touches plus ou moins larges. Magnifiques !
Un livre superbe. C'est vraiment du beau travail tant dans l'écriture que dans les dessins que dans la mise en page. Un livre qu'il faut avoir dans sa bibliothèque. Un livre que vous aimerez feuilleter, lire et montrer. Et que vous ne regretterez pas d'avoir acheté et/ou offert.