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Albertine

http://albertine22.canalblog.com/

Sous le pseudonyme d'Albertine, hommage à Marcel Proust, se dissimule une Joëlle passionnée de lecture depuis l'enfance. Mon appétit d'ogresse pour les mots, les histoires, les voyages à travers les pages ne s'est pas atténué avec les années. Je marche au coup de cœur, guidée par ma curiosité qui m'incite toujours à découvrir de nouveaux écrivains, à explorer de nouveaux genres. Je navigue entre romans policiers, fresques historiques, livres feel-good et essais sur l'actualité, au gré de mes humeurs et des rencontres avec certains auteurs. Participer à Dialogues Croisés, c'est partager ce bonheur de lire et avoir l'opportunité de mettre dans la lumière des « pépites » littéraires.

Conseillé par
8 octobre 2010

une grande claque dans la figure...

Parfois les élèves me demandent pourquoi j'aime lire. Je viens de terminer ce roman et il pourrait à lui seul fournir une réponse...

J'aime lire pour entrer dans un univers jusqu'alors inconnu : Marie-Sabine Roger décrit un petit village, quelque part en France, avec ses cafés un peu miteux et son industrie locale : l'élevage des poussins. Elle croque avec justesse cet endroit sans véritable charme dans lequel s'engluent les personnages, incapables d'aimer la ville, incapables de la quitter. Ses descriptions ressemblent à des clichés de Depardon, acérées mais non dénuées d'une certaine tendresse pour ces lieux sans réel caractère, ces zones perdues au milieu de nulle part.

J'aime lire pour découvrir des personnages et ce roman est dans ce domaine une mine d'or. L'auteur fait se rencontrer Alex, une jeune baroudeuse de passage, avec deux garçons du cru qui ont le sentiment de passer à côté de leur vie.

Il y a Olivier, le grand et gras fils du marchand d'électro-ménager du bourg. Son grand projet, c'est de combler le canal en y jetant des canettes de bière qu'il a préalablement vidées.

Il y a Cédric, nostalgique de l'enfance où tout semblait possible et qui cherche une raison pour s'accrocher à la vie, après le départ de Lola, sa compagne.

Ces trois-là ne se seraient jamais probablement liés sans Gérard, le frère handicapé du logeur d'Alex. Trente-deux ans, d'une laideur hors du commun, un corps atrophié et une extraordinaire joie de vivre et de se contenter de minuscules bribes de bonheur. Il devient un peu le "poussin" des trois trentenaires et c'est l'avenir de celui-ci qui va transformer leur existence. Marie-Sabine Roger parle du handicap sans tabou, avec des mots que j'aurais voulu écrire. Elle parle de la relation fusionnelle, exceptionnelle que Gérard a entretenue avec sa mère quand elle était encore vivante. Cela m'a rappelé mes années de monitrice de centre aéré et ma rencontre avec un petit garçon handicapé mental léger. D'un été sur l'autre, il semblait n'avoir rien oublié de notre complicité et dans ses yeux apparaissait une immense joie quand il me voyait. Il avait un regard identique à celui des bébés, empli d'une confiance absolue.

J'aime lire pour le plaisir des mots, des phrases, du style propres à un auteur. Sur cet aspect, ce roman est extraordinaire : du langage approximatif de Marlène, la logeuse, à celui cahotique de Gérard, le lecteur se régale. Pas de pathos, pas d'envolées lyriques... Des chapitres courts aux phrases qui crépitent, fourmillent d'inventivité, dévoilent les coeurs sans les mettre à nu, bouleversent pour longtemps.


Pourquoi j'aime lire ? Parce qu'il existe des auteurs tels que Marie-Sabine Roger et que ce serait dommage de passer à côté !

19,80
Conseillé par
19 septembre 2010

Un tourbillon d'érudition

Louis XV se meurt, Louis XV est mort ... Versailles est en deuil mais sous les masques de l'affliction, les ambitions transparaissent. Pendant cette période de passation de pouvoir où l'auteur nous montre un Louis XVI de vingt ans en proie aux doutes et à l'angoisse face à la charge qui l'attend, sévit un "serial killer" qui, époque oblige, se présente sous le nom du Fabuliste.

Il tue méthodiquement les agents secrets du Cabinet Noir du défunt roi et organise autour des cadavres des mises en scène horribles rappelant les fables d'Esope ou de La Fontaine. Qui se cache derrière cette ombre qui semble en vouloir surtout à Virevolta, un des agents les plus redoutables, rompu à la recherche des énigmes les plus subtiles et surnommé dans sa Venise natale (Ah, Venise !) l'Orchidée noire. Quel est le dessein de cet individu qui, outre le crime, a pour passe-temps, la taxidermie (beurk) ?

Nous suivons notre Vénitien dans son enquête et nous attardons longuement (trop ?) sur Versailles et ses jardins. Nous en apprenons beaucoup sur les moeurs de l'époque et les intrigues politiques (trop ?) avant un dénouement digne d'un film de cape et d'épée.

Les fables de sang reste une lecture plaisante qui trouvera une lectrice plus enthousiaste en la personne de ma mère, férue d'Histoire.

17,50
Conseillé par
13 septembre 2010

Vous ne connaissez pas Salvador Fuensanta ? Dommage pour vous...

Pour moi, un terminal d'aéroport est souvent synonyme d'ennui : on attend d'embarquer, on essaie de lire la presse mais sans conviction, on vérifie fébrilement ses papiers d'identité et son billet et on laisse son regard papillonner d'une personne à une autre sans vraiment s'attacher à aucune...

Evidemment, si j'avais eu la chance de rencontrer à l'aéroport Salvador Fuensanta, balayeur mais surtout conteur d'histoires, j'élèverais ce lieu d'ordinaire peu convivial au rang de dernier salon où l'on cause. Alberto Torres-Blandina imagine un grand-père que le lecteur adopterait volontiers. Notre balayeur aborde souvent des voyageurs et les étonne par sa capacité à deviner leur future destination. Il les oblige à s'interroger sur le choix du pays où ils vont atterrir et le constat est rapidement fait . Ce sont souvent des clichés qui les guident : le Japon sera synonyme de saké, de geisha et d'arts martiaux, le Mexique de chaleur, de boissons fortes et de farniente.

Ce qui m'a conquise, ce sont les "légendes" créées de toutes pièces par Salvador. Après les légendes urbaines, l'auteur invente les "légendes" de terminaux...

Saviez-vous par exemple que quand une femme s'évente avec un livre ou un magazine, elle envoie des signes aux mâles voisins pour leur faire comprendre qu'elle est prête à une rapide étreinte dans les toilettes ? Je m'en souviendrai, une femme prévenue en vaut deux !

Saviez-vous qu'il existe sur Internet un site d'échanges de services qui permet absolument tout ? Vous découvrirez en lisant ce roman l'étendue des possibilités offertes...

Saviez-vous qu'il est envisageable de s'acheter une conjoint ou une conjointe de rêve et de règler par mensualité auprès d'une agence spécialisé dans ce domaine ?

Vous ne connaissiez pas ces histoires : c'est que vous n'avez pas eu la chance de croiser Salvador Fuentasa !

J'ai beaucoup apprécié la prose d'Alberto Torres-Blandina, sa façon de mélanger le quotidien le plus prosaïque et l'absurde le plus complet. Il aime aussi interrompre ses histoires pour mieux "capturer" son lecteur qui s'empresse d'enchaîner les pages pour connaître la suite. La légende, qui donne son titre au livre, est une vraie petite merveille.

Derrière l'apparente légèreté du propos se cache une réflexion intéressante sur notre rapport à l'autre, surtout s'il appartient à une culture différente de la nôtre.

Conseillé par
11 septembre 2010

Une écriture délicate mais jamais mièvre

Je pourrais débuter mon article en évoquant les personnages excentriques que l'auteur met en scène dans le New-York des années 50.

Le milieu décrit est celui de la bonne société huppée et évidemment le lecteur est invité à s'attacher davantage à Lavinia Gibbs et son chien M.Phipps, vieille dame richissime et bohème plutôt qu'à ses frères, de ternes financiers ou juges qui ne réfléchissent qu'en termes de rentabilité et de respectabilité. Cette dame âgée traite son neveu, Gabriel, le narrateur, comme son animal : elle le considère comme mignon et d'agréable compagnie mais sans réel conversation ni personnalité. C'est ce jeune homme de dix-sept ans, renvoyé de son collège et confié provisoirement à son frère aîné Spencer, qui va nous raconter l'histoire de Lillian Dawes, une mystérieuse inconnue qui semble se glisser dans toutes les soirées mondaines et les week-end à la campagne sans que personne ne sache réellement qui elle est.

Tiens, j'ai effectivement commencé par les portraits des principaux antagonistes, pourtant ce n'est pas ce qui m'a le plus charmée dans ce roman. Katherine Mosby écrit délicieusement bien, elle capte avec subtilité les ambiances, les tourments d'un coeur amoureux pour la première fois, les relations parfois délétères au sein des familles. Certaines phrases sont un tel bonheur de lecture qu'on se surprend à les relire plusieurs fois avant de continuer le récit. Elle a choisi pour la préface cet extrait de "Madame Bovary" de Flaubert :

"La parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles"

Je la trouve dure avec sa prose qui a su me toucher. Pour preuve, je vais me procurer au plus vite son nouveau roman "Sanctuaires ardents" pour le plaisir de retrouver sa "patte" qui n'est pas celle d'une ourse !

Conseillé par
2 septembre 2010

Quand l'amour vient aux garçons...

Dans le joli roman d'Agnès Desarthe, point d'Arthur Rimbaud mais un adolescent Sébastien Zelter, vieux "routier" de la colonie des Glycines. Du haut de ses douze ans, il fait partie des grands et connaît les us et coutumes de la colo. Mais cette année, les adultes sont tombés sur la tête.

Ils exigent que dans chaque chambre, un pré-ado soit responsable d'un groupe de "nains", pour parler clair des pisseux de huit ou neuf ans et en plus au "poh-woh" (en langage colo le mot désigne une réunion !), la directrice leur annonce le fil rouge des vacances : un concours de poésie ! Beurk, triple Beurk !

Tout commence très mal pour notre rebelle format crevette... Heureusement que dans le car qui les menait aux Glycines, il était assis à côté d'une petite rousse aux yeux bleus. Et c'est bizarre, elle lui a semblé moins repoussante que ses consoeurs. Notre petit homme découvre qu'il a un coeur tout mou !

Maudit poète est un récit plaisant sur cet âge où tout change : le corps et l'esprit. Ces quinze jours vont permettre à Sébastien et à ses copains de gagner un peu en maturité et de se rendre compte que les adultes sont autre chose que des vieux faciles à berner.