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Traces 24, Il avait appris à écrire
EAN13
9782875622631
ISBN
978-2-87562-263-1
Éditeur
Presses Universitaires de Liège
Date de publication
Collection
Revue Traces
Nombre de pages
197
Dimensions
16 cm
Poids
300 g
Langue
français
Fiches UNIMARC
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Traces 24

Il avait appris à écrire

Édité par

Presses Universitaires de Liège

Revue Traces

Offres

«Il avait appris à écrire»: retourner ainsi le titre d'un célèbre essai
consacré aux incipit, serait-ce donner à entendre que Simenon, au contraire
d’Aragon, bien faraud de prétendre n’avoir jamais appris à écrire, applique
des procédés qui lui ont été enseignés? Bien sûr que non! On sait que sa
scolarité a été écourtée et qu’il n’a pu bénéficier, de la part de ses
maîtres, de conseils d’écriture susceptibles de faire de lui le romancier
qu’il est devenu, un «pêcheur au lancé» capable, en quelques phrases,
d’appâter et de ferrer le lecteur. Cette capacité, c’est le fruit d’un
apprentissage «sur le tas», en tant que fournisseur de la presse quotidienne,
d’abord, puis, très vite, d’une littérature vouée à la consommation rapide.

Peut-on dire que Simenon, au cours des années de maturation sous pseudonymes,
a fabriqué des hameçons tout à fait personnels et qu’il a découvert une
manière de jeter la ligne à nulle autre pareille? Sans doute pas: ce serait un
jeu d’enfant de trouver, chez ses contemporains, à l’entame des romans, des
situations et des personnages aussi indéterminés que les siens, qui piquent la
curiosité et suscitent le désir de savoir qui ils sont et ce qui les a menés
là où ils sont. Mais il y a chez lui un degré d’intrication des points de vue
bien supérieur à celui qui se rencontre chez ses confrères, une alternance de
perspectives – sans scrupules pourrait-on dire – qui, à la fois, peut
décontenancer le lecteur engoncé dans les habitudes de réception de la
narration réaliste, et lui ouvrir de vastes espaces d’interprétation. Quelque
chose arrive à quelqu’un quelque part; quelqu’un parle, mais ce qui a lieu ou
ce qui est dit est donné à connaître à travers un énoncé dont la source est
indécise ou dont l’énonciateur n’est pas sûr. Si la formule n’était rebattue,
on pourrait dire «Ça parle» et il revient au lecteur de chercher ce que ça
signifie _pour lui_ , ce qui est à comprendre, ou, plutôt, ce qui peut être
compris à partir de, grâce à, malgré aussi parfois ce qui est dit – ou tu.

De tous les écrivains «réalistes», Simenon est peut-être celui qui laisse le
plus de marge à l’interprète, celui qui, en régime de clôture du sens,
débarrasse le récit de la plupart des figures dévolues à son avènement, ou ne
les convoque que pour contester leurs prétentions. Il invite ainsi
implicitement le lecteur à débrouiller l’écheveau et, sans le mettre en garde
noir sur blanc, il lui laisse entrevoir le risque de ne tirer que sur quelques
fils.

Ici, très modestement, il a été proposé à des lecteurs issus de diverses
communautés interprétatives et pas tous, loin de là, également familiers de
Simenon, de mordre dans l’esche d’un incipit, ou de dire de quoi elle est
faite, ou d’être à la fois le poisson et celui qui l’appâte. Il s’agissait de
ne pas relancer le carrousel des généralités sur l’univers fictionnel du
romancier, mais de mettre le doigt sur les mots, sur les phrases qui incitent
à y entrer.
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