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Van Gogh en toutes lettres, Un homme dans son siècle - Un homme dans son siècle
EAN13
9791026711131
Éditeur
Champ Vallon
Date de publication
Collection
Détours
Langue
français
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Van Gogh en toutes lettres

Un homme dans son siècle - Un homme dans son siècle

Champ Vallon

Détours

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9791026711131
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    17.99

  • Aide EAN13 : 9791026711148
    • Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
    17.99

Autre version disponible

L’oeuvre de Van Gogh fait l’objet d’une fortune planétaire qu’illustrent les
très nombreuses expositions qui lui sont consacrées, gage d’un succès
populaire assuré. En témoignent également les innombrables reproductions, sous
toutes les formes possibles, de ses toiles les plus iconiques. Van Gogh est
devenu une marque dont s’est emparé avec une gourmandise assumée le marketing
publicitaire. Quant à l’homme Van Gogh, il a fait l’objet, dès sa disparition
et jusqu’à nos jours, de multiples biographies. Or, à la lecture de celles-ci,
on s’aperçoit qu’émergent des représentations contradictoires d’un individu
dont chacun s’empare pour l’ériger en porte-drapeau d’une théorie. Certains
veulent en faire une victime de la société (ainsi Antonin Artaud) là où
d’autres pointent son côté manipulateur, habile à soutirer de l’argent à son
frère Theo. D’autres le réduisent à un mystique ou à un fou, avec le symbole
de l’oreille coupée et la réalité des internements à répétition. On a
également décrit les deux frères Van Gogh comme un couple de spéculateurs,
habiles à faire monter la côte du peintre. Ou encore Vincent comme un
véritable anarchiste et un anticlérical déclaré. Toutes ces images ont un
fondement de vérité mais peinent à dire la complexité d’un individu dont il
faut accepter les bifurcations, les contradictions, voire les reniements pour
le comprendre. C’est à quoi invite la lecture de sa correspondance, dont une
récente édition d’une qualité inégalée a été publiée sous les auspices du Van
Gogh Museum d’Amsterdam. Ces lettres, dont la grande majorité ont été
adressées à son frère Theo, forment une sorte d’autobiographie épistolaire, où
il est parfois difficile de démêler la fiction de la réalité. A quoi bon, du
reste ? Prenons au pied de la lettre – c’est le cas de le dire – les propos de
Vincent et, à partir de là, analysons cette sorte d’autoportrait fragmenté
qu’il écrit. Car, et c’est un point fondamental de notre démonstration,
l’homme de pinceau qu’est Van Gogh est aussi un homme de plume. Cette
correspondance est un sommet du genre et, dans toute l’acception de la
formule, une œuvre littéraire dont on ne sort pas indemne de la lecture.
Plutôt que de produire une énième biographie linéaire de Van Gogh, de sa
naissance à sa mort, nous avons opté pour un puzzle dont les pièces assemblées
forment au final, nous l’espérons, un portrait à la fois sensible, informé et
nuancé de l’homme. Car cette correspondance est d’une richesse incroyable,
Vincent y abordant tous les aspects de sa vie avec une franchise toute virile
qu’explique aussi la relation fusionnelle (malgré quelques ruptures
passagères) qu’il entretient avec Theo. Après avoir remis en perspective la
production de cette correspondance, ce qu’elle révèle de son auteur comme «
homme de lettres », et les usages qui en ont été faits, nous consacrons les
premiers chapitres à ce qui a été la grande passion de Vincent en dehors de la
peinture : les livres et la lecture. Nous dressons ainsi une sorte de
bibliothèque idéale de Van Gogh, avec ses adhésions (au premier rang desquels
les écrivains naturalistes français, dont Zola, Maupassant, les Goncourt, mais
aussi Andersen, George Eliot, Dickens) et ses rejets (Baudelaire en
particulier). Sans oublier ce livre dont ce fils de pasteur a été nourri
durant toute sa jeunesse et qui lui a fourni le sujet de sa première grande
toile : la Bible. Homme vivant souvent seul, Van Gogh a rêvé de construire une
communauté artistique dont il a espéré qu’Arles serait le foyer avec son
projet d’« Atelier du Midi ». S’il ne rse éfère jamais aux communautés saint-
simoniennes ou fouriéristes, Vincent est persuadé que le « peindre ensemble »
est l’avenir, à la fois pour des raisons matérielles et pour des raisons
artistiques. L’union fait la force, ainsi pourrait-on résumer la pensée d’un
artiste marginal sa brève vie durant, soucieux de trouver des alliés contre
les tenants de l’académisme. Ce point fait l’objet de deux chapitres, auxquels
succèdent deux chapitres analysant son rapport à l’espace, au temps et à
l’histoire. Né hollandais, ayant vécu en Angleterre, Van Gogh s’établit en
France, tout en rêvant d’un Japon imaginaire, pays en lequel il décèle la
persistance de ce primitivisme auquel il aspire à la fois comme homme et comme
peintre. La rencontre avec Gauguin le renforce dans sa quête d’un ailleurs
exotique qui prendra différentes identités. Mais c’est aussi le passé tel que
l’histoire le raconte qui lui permet d’analyser ce présent dont il a parfois
tant de peine à s’accommoder. L’histoire des révolutions, en particulier, de
celle de 1789 à celles du XIXe siècle, lui fournit matière à réflexions quant
à l’avenir. Parfois radical dans son propos sur la nécessité de changer la
société, il ne se fait toutefois guère d’illusions sur la portée d’une
révolution dont il est conscient qu’elle ne se produira pas de son vivant. Cet
homme solitaire exprime par ailleurs le besoin constant d’aimer et d’être aimé
d’une femme, avec la volonté de fonder une famille. Mais sur ce plan, sa vie
est une suite d’échecs qui l’amènent finalement à un constat résigné : un
peintre ignoré comme lui ne peut prétendre rendre heureuse une femme et doit
se contenter d’amours tarifées. La correspondance de Vincent atteint des
sommets dans l’expression de son désarroi et de sa douleur face à la
conscience de son inaptitude à faire couple. C’est le cas une première fois
lorsqu’il se heurte au refus catégorique de sa cousine par alliance, ce qui
génère chez lui une violente crise personnelle. Et lorsqu’il se met en ménage
quelque peu durablement, c’est avec une femme dont il sait qu’elle est une
prostituée occasionnelle, qu’elle a déjà un enfant et qu’elle est enceinte
d’un deuxième, mais dont il veut croire qu’il saura la sauver. La violente
réaction de Theo provoque une rupture, Vincent tentant en de longues et
pathétiques lettres de se justifier, au nom de la morale chrétienne. Si ses
propos ne sont pas dépourvus de stéréotypes féminins que l’on peut qualifier
de sexistes, d’autres prennent à l’occasion une couleur féministe. Ce chapitre
sur les femmes révèle à sa manière la dimension mystique de la personnalité de
Van Gogh, dont témoigne sa relation à la religion, objet des deux chapitres
suivants. Cette relation a connu des évolutions radicales selon les époques.
Né et élevé « dans la Bible » par son père, Vincent s’imagine lui aussi
devenir pasteur. Son parcours scolaire le lui interdisant, il devient
prédicateur dans la région minière wallonne du Borinage. Lors de cet épisode,
son mysticisme de nature christique atteint son acmé, au point que l’Église
qui l’emploie, effrayée par sa radicalité, ne renouvèle pas son contrat. Par
la suite, Van Gogh imagine la religion comme une consolation. S’il tient des
propos très durs envers le clergé, protestant (y compris les membres de sa
famille) comme catholique, il ne rompt jamais totalement avec l’idée de Dieu
qu’il assimile à la nature dans un panthéisme revendiqué. Il s’intéresse
également aux cultes « primitifs », comme celui des Japonais. Quant à sa
peinture, sauf en de très rares exceptions, elle évite tout sujet directement
religieux. Homme de son temps, Vincent est en prise avec la société de son
temps et exprime une forme de compassion à l’égard des classes défavorisées
dont il partage parfois la pauvreté. Il se pense d’ailleurs comme un ouvrier,
travaillant et produisant de ses mains. Mais, d’une part, sa pensée sociale
est tout aussi nourrie par la fiction que par la réalité : en l’occurrence par
la lecture des romanciers naturalistes dont le chef de file est Émile Zola,
qu’il vénère parce qu’il lui fournit en quelque sorte « clé en mains » un
cadre explicatif aux inégalités sociales. D’autre part, sa correspondance
témoigne certes d’un regard aigu sur la misère sociale urbaine comme rurale,
mais qui le plus souvent prend une dimension esthétique. Lorsqu’il observe des
terrassiers, des pêcheurs ou des fileurs, c’est le peintre qui parle davantage
que le réformateur social. Les deux derniers chapitres du livre montrent ainsi
comment Vincent, parfois violemment antibourgeois, n’est pas pour autant
anticapitaliste et que,...
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