- EAN13
- 9782876737945
- Éditeur
- Champ Vallon
- Date de publication
- 13/06/2012
- Collection
- L'Or d'Atalante
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Livre numérique
Autre version disponible
-
Papier - Champ Vallon 29,50
Il y a des images propres à représenter la honte et, à côté, des images
éhontées, enfin des images qui éprouvent, en leurs plis, la honte. Dira-t-on
que notre culture se plaît à jouer avec l’impudeur, l’opprobre, l’abjection?
Cherche-t-elle à les piéger ou à les exalter? Que signifie la tentation du
snuff movie: ces films «interdits» qui veulent capter le travail du trépas sur
les visages ou dans les postures ultimes, et ainsi porter atteinte à ce qui
est au plus profond de l’être, à l’identitaire?C’est de «la gale de la
psyché», de l’esthétique du laid devenu «trash», «destroy», apologie de
l’immonde qu’il est ici question. «Rougir de honte» est devenu désuet, quand,
aujourd’hui, on peut «mourir de honte» à force d’humiliations ou d’affronts
existentiels. La «machine à faire la merde» de Delvoye, les anatomies
falsifiées de condamnés à mort dues à G. von Hagens mettent en scène l’homme-
détritus, alors que d’autres artistes, se confrontant à la terreur de la
psychose ou aux images du Goulag, voire d’Auschwitz, «cet anus du monde»,
parviennent, quant à eux, à sublimer le sordide en tragique. Sont étudiées
ainsi parmi beaucoup d’autres les œuvres de plasticiens (Zoran Musicˇ, David
Nebreda), d’écrivains (Chalamov, Tisma), de cinéastes (Bela Tarr, Fassbinder,
Haneke, etc.). Aux multiples domaines de l’art s’appliquent les diverses
interrogations propres aux sciences humaines: histoire des mentalités,
esthétique, psychanalyse. Les réponses semblent contrastées: perte des
repères, absence d’idéal, violence contenue dans l’acte de voir, déni de la
honte, valorisation du passage à l’acte, transparence de l’intime. En
définitive, y aurait-il une émotion spécifique aux images honteuses? Quels en
seraient alors le destin et la fonction?
éhontées, enfin des images qui éprouvent, en leurs plis, la honte. Dira-t-on
que notre culture se plaît à jouer avec l’impudeur, l’opprobre, l’abjection?
Cherche-t-elle à les piéger ou à les exalter? Que signifie la tentation du
snuff movie: ces films «interdits» qui veulent capter le travail du trépas sur
les visages ou dans les postures ultimes, et ainsi porter atteinte à ce qui
est au plus profond de l’être, à l’identitaire?C’est de «la gale de la
psyché», de l’esthétique du laid devenu «trash», «destroy», apologie de
l’immonde qu’il est ici question. «Rougir de honte» est devenu désuet, quand,
aujourd’hui, on peut «mourir de honte» à force d’humiliations ou d’affronts
existentiels. La «machine à faire la merde» de Delvoye, les anatomies
falsifiées de condamnés à mort dues à G. von Hagens mettent en scène l’homme-
détritus, alors que d’autres artistes, se confrontant à la terreur de la
psychose ou aux images du Goulag, voire d’Auschwitz, «cet anus du monde»,
parviennent, quant à eux, à sublimer le sordide en tragique. Sont étudiées
ainsi parmi beaucoup d’autres les œuvres de plasticiens (Zoran Musicˇ, David
Nebreda), d’écrivains (Chalamov, Tisma), de cinéastes (Bela Tarr, Fassbinder,
Haneke, etc.). Aux multiples domaines de l’art s’appliquent les diverses
interrogations propres aux sciences humaines: histoire des mentalités,
esthétique, psychanalyse. Les réponses semblent contrastées: perte des
repères, absence d’idéal, violence contenue dans l’acte de voir, déni de la
honte, valorisation du passage à l’acte, transparence de l’intime. En
définitive, y aurait-il une émotion spécifique aux images honteuses? Quels en
seraient alors le destin et la fonction?
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