- EAN13
- 9782842926618
- Éditeur
- Presses Universitaires de Vincennes
- Date de publication
- 03/10/2013
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
- S'identifier
Tourner le dos - Sur l'envers du personnage au cinéma
Benjamin Thomas
Presses Universitaires de Vincennes
Livre numérique
Autre version disponible
Au début des années 1910, une société de production américaine invitait
expressément ses acteurs à tourner le dos à la caméra. Il s’agissait d’en
finir avec les regards dans l’objectif et d’appliquer au cinéma les
préconisations de Diderot pour le théâtre : jouer en faisant mine que le
spectateur n’existe pas, proscrire l’adresse au public.
Mais même alors, les dos devaient rester discrets, les vues de dos ne pas trop
durer. À moins d’être la promesse d’un retournement. Les affiches des
blockbusters en font aujourd’hui un tel usage : ce que l’affiche refuse, le
film l’offrira, et plus rien ne se dérobera à la vue du spectateur. Les dos
des personnages doivent se faire oublier, encore et toujours. Abbas Kiarostami
raconta un jour qu’à sa grande déconvenue, son chef opérateur mettait fin aux
prises dès qu’un acteur tournait le dos trop longtemps : alors que le cinéaste
trouvait intéressant de continuer à tourner « malgré » le dos, son
collaborateur ne voyait pas l’intérêt de s’attarder sur des profils perdus.
Que se passe-t-il, au cinéma, lorsqu’un dos se fait pure présence, attire
l’œil, se donne, pour un instant, plus ou moins bref mais intense, comme le
tout de l’image ? Des plans troublants ont suscité cette question lancinante.
Surgis de films de Hitchcock, Mizoguchi, Antonioni, Bauer, Depardon,
Preminger, Huillet et Straub, Claire Denis, Tarkovski, Ozu ou encore Pascale
Ferran, ils ont été les moments de vacillement d’où sont nées les études
réunies ici.
expressément ses acteurs à tourner le dos à la caméra. Il s’agissait d’en
finir avec les regards dans l’objectif et d’appliquer au cinéma les
préconisations de Diderot pour le théâtre : jouer en faisant mine que le
spectateur n’existe pas, proscrire l’adresse au public.
Mais même alors, les dos devaient rester discrets, les vues de dos ne pas trop
durer. À moins d’être la promesse d’un retournement. Les affiches des
blockbusters en font aujourd’hui un tel usage : ce que l’affiche refuse, le
film l’offrira, et plus rien ne se dérobera à la vue du spectateur. Les dos
des personnages doivent se faire oublier, encore et toujours. Abbas Kiarostami
raconta un jour qu’à sa grande déconvenue, son chef opérateur mettait fin aux
prises dès qu’un acteur tournait le dos trop longtemps : alors que le cinéaste
trouvait intéressant de continuer à tourner « malgré » le dos, son
collaborateur ne voyait pas l’intérêt de s’attarder sur des profils perdus.
Que se passe-t-il, au cinéma, lorsqu’un dos se fait pure présence, attire
l’œil, se donne, pour un instant, plus ou moins bref mais intense, comme le
tout de l’image ? Des plans troublants ont suscité cette question lancinante.
Surgis de films de Hitchcock, Mizoguchi, Antonioni, Bauer, Depardon,
Preminger, Huillet et Straub, Claire Denis, Tarkovski, Ozu ou encore Pascale
Ferran, ils ont été les moments de vacillement d’où sont nées les études
réunies ici.
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