- EAN13
- 9782707325723
- Éditeur
- Les Éditions de Minuit
- Date de publication
- 11/04/2013
- Collection
- Romans
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Livre numérique
Autre version disponible
Fasciné par le principe du philosophe irlandais Berkeley selon lequel « être
c’est être perçu », Samuel Beckett l’applique ici, dans Mal vu mal dit, à
l’acte d’écriture. Si le décor – un cabanon situé dans la caillasse d’une
lande irlandaise – est relativement facile à planter car la nature, les
couleurs, les objets, se laissent percevoir et décrire, comment peut-on
percevoir les êtres ? Va-t-elle se laisser voir, se laisser dire, ou bien
va-t-elle demeurer indicible, cette vieille femme vêtue tout de « noir
immaculé », qui ne quitte sa masure et ne s’aventure à fouler l’herbe grise
que pour aller visiter une tombe d’un « blanc hurlant » ? Avec quel regard
parvenir à la saisir ? Un conflit s’instaure entre pensée et vision, entre ce
que voit, ou croit voir l’œil ouvert, acharné, aux aguets, et ce que voit
l’œil enfin fermé, paupières closes pour que puissent naître les « chimères »
lorsque « l’œil couve sa pitance. Assoupi dans son noir à lui ». Tantôt la
vieille femme est immobile, vue sous tel ou tel angle précis, comme soudain
figée par l’objectif d’un photographe ; tantôt elle est parcourue d’un
frémissement, ses lèvres se meuvent en un sourire infime, la voici alors douée
du mouvement que seule lui confère la pensée de celui qui la crée. Ces deux
regards possibles s’embrument parfois et se troublent comme se trouble aussi
le rythme des mots lorsqu’ils cherchent à cerner ces insaisissables que sont
le réel et son « contrepoison » : l’imaginaire. Mal vu mal dit est paru en
1981.
c’est être perçu », Samuel Beckett l’applique ici, dans Mal vu mal dit, à
l’acte d’écriture. Si le décor – un cabanon situé dans la caillasse d’une
lande irlandaise – est relativement facile à planter car la nature, les
couleurs, les objets, se laissent percevoir et décrire, comment peut-on
percevoir les êtres ? Va-t-elle se laisser voir, se laisser dire, ou bien
va-t-elle demeurer indicible, cette vieille femme vêtue tout de « noir
immaculé », qui ne quitte sa masure et ne s’aventure à fouler l’herbe grise
que pour aller visiter une tombe d’un « blanc hurlant » ? Avec quel regard
parvenir à la saisir ? Un conflit s’instaure entre pensée et vision, entre ce
que voit, ou croit voir l’œil ouvert, acharné, aux aguets, et ce que voit
l’œil enfin fermé, paupières closes pour que puissent naître les « chimères »
lorsque « l’œil couve sa pitance. Assoupi dans son noir à lui ». Tantôt la
vieille femme est immobile, vue sous tel ou tel angle précis, comme soudain
figée par l’objectif d’un photographe ; tantôt elle est parcourue d’un
frémissement, ses lèvres se meuvent en un sourire infime, la voici alors douée
du mouvement que seule lui confère la pensée de celui qui la crée. Ces deux
regards possibles s’embrument parfois et se troublent comme se trouble aussi
le rythme des mots lorsqu’ils cherchent à cerner ces insaisissables que sont
le réel et son « contrepoison » : l’imaginaire. Mal vu mal dit est paru en
1981.
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