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Le phénomène érotique
EAN13
9782246550990
Éditeur
Grasset
Date de publication
Langue
français
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Le phénomène érotique

Grasset

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782246550990
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« L'amour, nous en parlons toujours, nous l'expérimentons souvent, mais nous
n'y comprenons rien, ou presque. La preuve : nous ne pouvons plus en fixer un
sens unique et le déchirons entre des contraires - eros et agapè, jouissance
brute et charité abstraite, pornographie et sentimentalisme. Il en devient
absurde ou insignifiant. Explication : la philosophie nous a persuadés de
l'interpréter à partir de la conscience de soi (du cogito), comme une simple
variante, dérivée et irrationnelle, de la claire pensée - il se rabaisse donc
au rang de la « passion », maladive, irrationnelle, toujours douteuse. On
conteste ici ce verdict. L'amour nous atteint infiniment plus sérieusement,
plus originairement, il ne dérive pas de l'ego, mais le précède et le donne à
lui-même. Bien avant la question des philosophes, « être ou ne pas être », ou
la question des savants, « connaître certainement ou ignorer », une autre
question m'obsède : « m'aime-t-on ? y-a-t-il quelqu'un pour m'aimer ? » Sans
réponse à cette question, tout être et toute certitude tombent sous le coup de
la vanité, qui leur demande « à quoi bon ? » Je me découvre alors en état de
réduction érotique. On doit tenter de décrire les figures de la conscience,
dans cette situation originaire : la nécessité absolue qu'on m'aime, et mon
incapacité radicale à ne pas me haïr moi-même ; mon avancée unilatérale dans
le rôle de l'amant ; le serment entre les amants qui fait surgir le phénomène
érotique, unique et pourtant commun ; l'échange où chacun donne à l'autre la
chair érotisée, que lui-même n'a pas, mais reçoit en retour ; l'acte sans fin,
et pourtant toujours fini, de s'avancer chacun dans l'autre sans résistance ;
la contradiction objective entre le temps court de jouir et le temps long de
promettre, qui rend estimable la jalousie et raisonnable la perversion ;
enfin, l'attente jusqu'à la fin des temps d'un tiers témoin, qui part et qui
s'anticipe. L'amour, dans toutes ces figures, ne se dit et ne se fait qu'en un
seul sens. Le même pour tous, Dieu compris. Car l'amour se déploie aussi
logiquement que le plus rigoureux des concepts. Il précède tout et tout dépend
de lui - les raisons des philosophes, les connaissances des savants et les
choses du monde. Sans lui, tout est, mais tout est vain. Avec lui, tout
devient possible, même et surtout l'impossible. » J.L.M.
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