Nous sommes devenus de vieux enfants

Que nos enfants dépassent

Et finissent par ignorer.

Le soir nous traînons nos chiens

Dans les feuilles mortes

D'un automne déjà fatigué.

Mon dieu que la ville est triste

A l’heure du couvre feu

Avec ses maigres lumières

Qui ne sont là pour personne,

A part une tendresse consumée

Qui fuit son ombre et rase les murs.

Ici toutes les vies s’empilent

Les unes au dessus des autres

Loin des lacs, des forêts profondes,

Loin du brame des cerfs

Nos vies s’empilent et s’épuisent

Derrière nos portes blindées.

Heureusement il y aura samedi

On se colruytera gentiment

Parce qu'on sera samedi

Les mains accrochées au chariot

Masqués et le pas alerte

Presque joyeux d’être encore vivant.

Et puis il faudra bien rentrer

Rentrer pour finir le jour

On rangera les courses

On guettera les heures

Les heures inquiètes qui égrènent

Nos soupirs de vieux enfants devenus.

🎙 Poème publié avec l'aimable autorisation de David Courier, journaliste - Bruxelles - 2020.

📷 Photo publiée avec l'aimable autorisation de Lalé Akat - Bruxelles - 2020.

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