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La mer le matin

Margaret Mazzantini

Robert Laffont

  • 27 mai 2013

    J'ai lu Ecoute-moi de Margaret Mazzantini et j'étais heureuse de retrouver sa plume. Je n'ai pas lu Venir au monde parce que le thème ne m'attirait pas forcément.

    La Mer, le matin s'ouvre sur l'oasis du Sahara.Comme un écho au Désert de Le Clézio, un petit garçon découvre le lieu. Une ville du désert, très éloignée de la mer qu'il aimerait connaître. Son oasis nous apparaît comme un lieu austère et le climat ne suffit pas pour rendre chaleureux cet oasis. Farid joue avec des camarades même s'il s'amuse davantage avec la gazelle venue du désert. En toile de fond, Margaret Mazzantini présente quelques touches éparses du printemps lybien. La guerre touche les plus faibles.

    « Quand il voit Misrata détruite par les tirs, grand-père Mussa arrache du mur l'affiche du Caïd, il en fait une boule et la jette sous le lit. »

    De l'autre côté de la Méditerranée, un autre jeune homme, Vito.Il observe sur son île, proche de la Sicile, Lampedusa sans doute, les flux des réfugiés, ayant traversé la mer, bravé la mort pour trouver leur salut. Ils sont malades et affaiblis très souvent, au bout de leur périple. La mère de Vito a grandi en Lybie avec sa famille, avant d'en être chassés par Khadafi dans les années 1970. Elle évoque avec nostalgie ses jeunes années à Tripoli, l'odeur des figuiers, ses premières amours et l'amertume du miel amer de Cyrénaïque(en référence à la conquête italienne de 1911 lorsque la Tripolitaine et Cyrénaïque font partie intégrante de l'Italie*)Vito espère beaucoup lorsqu'il observe cette mer. Il pense à son avenir.

    Un roman très joliment écrit sur le thème du déracinement. Malgré le sujet assez difficile, beaucoup d'humanité ressort de cette narration au présent.L'auteur donne un temps de parole à ceux qui d'ordinaire n'en ont pas. J'ai beaucoup appris sur l'histoire commune entre ce pays africain et l'Italie. Leur passé colonial, la vie des colons avant que Khadafi ne les condamne à quitter le pays. Puis, la réconciliation en demi-teinte sous Berlusconi, vingt ans plus tard.

    Jamila va emmener son fils Farid loin des violences de son pays en guerre.Ils espèrent regagner les côtes italiennes.Pour le protéger, elle lui fera porter une amulette autour du cou. Vito nous contera l'histoire de sa mère Angelina, une italienne née à Tripoli et expulsée à l'âge de onze ans.

    Deux femmes et leurs enfants, brisées par le destin, et leur courage de mère quand le désespoir les assomme.

    "Vito regarde la mer. Un jour sa mère le lui a dit. Sous les fondations de toutes les civilisations occidentales, il y a une blessure, une faute collective. Sa mère n'aime pas ceux qui revendiquent leur innocence. Elle fait partie de ces gens qui veulent assumer les actes commis. Victo pense que c'est une forme d'orgueil. Angelina dit qu'elle n'est pas innocente.Elle dit qu'aucun peuple qui en a colonisé un autre n'est innocent. Elle dit qu'elle ne ne veut plus nager dans cette mer où des bateaux coulent."


  • Conseillé par
    10 septembre 2012

    L’Italie et la Libye, deux pays séparés par la Méditerranée. Cette mer Farid la découvre quand la Libye est en proie à une guerre civile. Son père vient d’être tué alors sa mère Jamila décide de partir avec lui. Une fuite où elle laisse sa maison, son pays. Elle emporte avec elle un châle et l’argent pour payer l’homme qui les fera monter dans un bateau. De l’autre côté, on les accueillera. Forcément. Ce sont des réfugiés.

    Vito, âgé de dix-huit ans passe ses vacances avec sa mère Angelina sur une île près de l’Italie où ils habitent. Angelina de parents italiens est née en Libye où elle a passé onze années avant que le colonel Kadhafi ne les chasse. La famille revenue dans son pays natal ne s’est jamais sentie chez elle. Des déracinés pour qui l’horrible sentiment de n’appartenir à aucun pays, d’être des incompris a toujours été le plus fort. La Libye c’était leur vie. Angelina n’a jamais pu cicatriser la plaie de sa souffrance et son fils l'a trouvé toujours différente des autres mères.

    Farid et sa mère sont des victimes, derniers dominos qui s’écroulent et à qui ils ne restent plus que l’exil. Farid est bien trop petit pour comprendre la situation et Jamila tente de le protéger comme elle peut. Avec l’espoir d’une nouvelle vie en Italie. Pour éloigner le mauvais sort elle lui a fabriqué une amulette qu’il porte autour du cou. Croyances et superstitions pour demander grâce à un enfant qui à la vie devant lui. Quand l’obtention d’un visa est à nouveau possible pour la Libye, Vito accompagne sa mère et sa grand-mère Santa. A Tripoli, Angelina et Santa cherchent leur ville. Celle des ruelles, des échoppes des commerçants, des maisons de leurs amis et la leur. Sur les plages de ses vacances, Vito a vu des flots de réfugiés arrivés transis, exténués. Il ramasse ce que la mer rejette. Des objets ayant appartenu à ces personnes ballotées au gré des courants. Parmi eux, il trouve une amulette.

    Deux pays reliés par deux mères dont les destins ont été le résultat d'enjeux politiques dans l'Histoire. Un très beau roman d’une intensité très forte sur l’exil et le déracinement. Pas de pathos, juste de la dignité et de la sobriété portées par une écriture sans fioriture empreinte d’humanité. Un livre hérisson tant j’y ai inséré de marque-pages ! Si je n'avais pas vraiment aimé Venir au monde de cette auteure, c'est tout l'inverse avec ce livre !

    Merci à Julien pour ce conseil de lecture !