Rendez-vous avec la mort
Ce roman raconte le dernier voyage d’Edith, gravement malade, qui a fait la démarche de recourir au suicide assisté.
Avec son mari et ses enfants, elle prend la route avec dignité pour la Suisse, elle, à qui l’idée de vivre la déficience est insupportable…
Carole Fives leur donne alternativement la parole… Des paroles débordant de souvenirs, de réflexions intimes… L’épuisement des adieux est dépassé par la prise de liberté.
Récit humain, empreint de tendresse, émouvant.
Un requiem rayonnant d’une lumière particulière.
« Perdre sa mère, c’est devenir définitivement adulte »
« J’ai toujours été la grande gueule de la famille. Le caillou dans la chaussure ».
Embaumer sa daronne
À bord du Ghost, en pleine mer, alors que les terres émergées ne sont plus que rares, le matelot Petit Roux s’improvise pilleur de pirate, fuyant le bateau avec le corps de sa défunte mère, résolument déterminé à lui offrir un sépulcre digne.
Le narrateur « papotier en titre » apostrophe le lecteur pour lui conter cette escapade maritime.
Usant d’un lexique maritime précis, d’un langage familier et suranné, ainsi que d’expressions d’une riche inventivité, l’auteur percute avec sa balade en mer éreintante. Dialogue avec les orques, descriptions viscérales, ébats féconds, fantaisies océaniques forment une flotte de mots décrivant un cauchemar qui pourrait bien être notre destin…
Violent, puissant, imaginatif, ce récit d’anticipation constitue un tour de force dans l’écriture, suscitant une lecture habile.
« La seule fleur qui pousse par ici, c’est bien la fleur de poisse … »
« Serre-la bien, ta chère chiffonnée, tous les matafs t’en veulent et la mémoire niche toujours au creux des bides »
« Le merlan craint l’air et le matelot craint l’eau »
« Le fringant « fifty » dévale les toboggans savonnés jusqu’à l’entre-deux lames »
« Les anatifes sont des crustacés, des pouces-pieds pour faire vite, des sortes de verges malingres qui fructifient sur tout ce qui flotte, depuis les carènes jusqu’aux déchets errants.
Lapins franconiens
Charlie Roquin romance l’univers de Richard Wagner et de ses fervents admirateurs autour de Moshe Griebnish, critique wagnérien renommé, impatiemment attendu au festival annuel de Bayreuth. Pour la première fois, ce dernier se voit défié en public lors de son débat musical.
Sous la plume habile de l’auteur, les échanges tant mélodiques que verbaux prennent vie, révélant des tensions familiales jusqu’alors enfouies et inavouables.
Charlie Roquin se démarque avec brio par une joute oratoire empreinte de rythme, d’élégance et d’esprit. Ce débat éloquent aux dialogues piquants cache une confrontation plus personnelle avec les fantômes du passé, apportant une ambivalence dramatique.
Flamboyant, audacieux, incisif.
Que vous soyez wagnérien ou non, plongez-vous dans ces pages et appréciez !
« Non, la musique de Wagner n’est pas un combat, elle se révèle dans le murmure, la caresse »
« Le manque, la jalousie, la tristesse qui vous aspire comme un trou sans fond, toutes ces choses valent la peine d’être vécues »
« Freedom fighter »
Bloqué en Inde pour cause d’épidémie, le narrateur sillonne le pays sur les traces de P. Khankhoje et de M. Gandhi, deux personnages meneurs de combat pour l’indépendance de l’Inde, ayant tous deux fait preuve de courage physique dans leur périple.
Deux vies parallèles, deux combats différents :
- Gandhi, « héraut de la non-violence », militant partisan de la paix, pèlerin, universaliste, prônant l’archaïsme, opposé aux intellos.
- L’insurgé P. Khankhoje, combattant révolutionnaire agressif, qui prit la mer pour un tour du monde de Bombay à Bombay.
Vies trépidantes, faits d’armes, clandestinité. Patrick Deville offre une épopée dans l’Inde sous le joug colonial et son émancipation ultérieure, croisant les pays et les faits historiques avec le destin de ces deux hommes, élaborant des rencontres entre des acteurs dont les associations sont aussi exubérantes que fructueuses.
Roman foisonnant d’épisodes invitant le lecteur à découvrir de multiples tableaux indiens.
Invitation au voyage….
Le duc à deux visages
Ce roman explore la brève vie et la mort de Lucrezia de Medici dans l’Italie de la Renaissance. En 1558, Lucrezia, cinquième enfant du grand-duc de Toscane, fut contrainte de se marier à l’âge de 15 ans en substitution de sa sœur aînée décédée. Les rumeurs à l’époque soupçonnèrent son mari d’avoir provoqué sa mort moins d’un an après son mariage.
Les récits de Lucrezia et la création de son portrait s’entremêlent habilement. O’Farrell manie de manière experte faits historiques, portraits et fantaisie poétique dans cette fiction imprégnée de mythes.
Lucrezia, artiste à l’âme rebelle, voit sa défiance étouffée par un duc ambivalent et sombre dans la paranoïa.
Description saisissante d’un portrait de mariage mettant en lumière l’importante de l’art et du contrôle coercitif, le tout encadré par une atmosphère de meurtre imminent.
L’écriture, fluide et richement ornées de rêves et de fantasmes, transporte visuellement le lecteur vers une fin qui réserve des surprises.
« Elle est le maillon qui relie la maison de Toscane et la maison de Ferrare »