En 2024, deux avions s'écrasent sur l'usine de traitement des déchets nucléaires de La Hague, Pointe du Cotentin. L'incendie provoque un nuage toxique d'une ampleur telle que d'immenses parties du continent européen doivent être évacuées et resteront invivables pour des décennies. Un ancien flic franco-britannique, mi-agent du renseignement, mi-barbouze, se trouve coincé en infiltration dans une communauté d'écolos radicaux de la presqu'île de Rhuys, transformés en survivants de la zone contaminée, partagés entre recherche des moyens de subsistance et publications tapageuses sur internet. Pluies acides, pillages, meutes de chiens affamés, bavures militaires... Ce roman d'anticipation post-apocalyptique tient ferme la corde du réalisme à l'échelle communautaire plutôt que du spectaculaire, sans épargner aucun camp.

« Tout était presque normal dans cette famille, mais le presque était énorme, et même flippant. »

Les Loubet forment un couple à la réussite professionnelle éclatante, nichés dans leur grande maison moderne. Sensibilisés par les bénéfices sociaux à retirer de leur affichage d'un vernis écologique, ils engagent un jardinier pour la création d'un potager en permaculture. C'est l'occasion pour la famille de se frotter, mais seulement le temps d'une capsule de café ristretto, à cet authentique spécimen des classes laborieuses. Bon, un « plouc », quoi. Et en plus, inséparable de son chien débonnaire, Lebowski le golden, véritable héros de l'histoire, qui élève l'apathie au rang d'art. Mais un jour, Lebowski se met à creuser dans le jardin des Loubet et le duo tombe sur un os, en l’occurrence un fémur humain. Un polar caustique, forçant malicieusement le trait dans les rapports entre ces deux mondes qui se dévisagent plus qu'ils ne se côtoient, laissant le plus beau rôle aux animaux.

Un écrivain à succès, singulièrement taciturne, décide d'embaucher un jeune homme peinant à percer dans le monde du spectacle pour ses talents d'imitateur. La mission, que Baptiste a acceptée (et lui aussi se demande bien pourquoi), est d'être la doublure vocale de Chozène : désormais, l'imitateur répond à tous les appels téléphoniques en se faisant passer pour l'écrivain.

Après les inévitables malentendus de départ, le jeu de rôle prend de l'ampleur et vire à l'épopée tragi-comique au milieu des identités qui vacillent. Toujours à distance du potache pour lui préférer l'ingénieux, Luc Blanvillain soulève, chemin faisant, de vraies questions : peut-on impunément se décharger sur d'autres de sa propre vie ? Accordons-nous aux autres l'attention qu'ils méritent ? Mesure-t-on le pouvoir de l'écoute pour réparer le monde ?

À la naissance de Jim, Aymeric n'avait rien demandé. Pendant une décennie, ce « père » à jamais le premier, pas vraiment parrain, décide d'endosser tous les rôles choisis par d'autres, subis pour toujours, par pur amour et aussi par facilité, sans rien se cacher de ses propres faiblesses. Puis, brutalement, Jim lui est ravi et rien ne peut combler cette absence, ce gouffre qui s'est ouvert sous les pieds d'Aymeric.

Commence alors le récit hypnotique, jamais amer, d'un empêchement, d'une innocence qui aveugle et de ces empreintes indélébiles laissées dans la vie des gens : une histoire proprement bouleversante, dont la pellicule n'a pas fini de se développer bien après l'avoir rangée.

Quel type de client.e de librairie êtes-vous ? Profil expert ou dilettante ? Et puisqu'un peu d'autodérision ne fait pas de mal, après la lecture de la classification un peu farfelue, mais fruit de longues années d'expérience, du libraire écossais Bythell, passez le livre à votre voisin et demandez-lui quel type de client.e vous êtes RÉELLEMENT. Vous avez entre les mains un vrai-faux traité facilement réjouissant, mordant gentiment le trait de nos lubies et banales incohérences, illuminé par cet humour britannique à froid (qui n'oublie pas non plus d'égratigner cette drôle d'espèce que sont vos libraires préférés).