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BAMBINE
EAN13
9782889600892
Éditeur
La Baconnière
Date de publication
Langue
français
Langue d'origine
italien
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Bambine

La Baconnière

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782889600892
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    8.99

Autre version disponible

Vingt-trois ans après son premier livre (La fille prodigue, 1967), Alice
Ceresa publie Bambine (Einaudi, 1990, Prix Schiller), présenté
rétrospectivement comme le deuxième opus de sa trilogie consacrée à «la vie
féminine». Avec Bambine, Alice Ceresa continue donc son observation et sa
dissection du corps familial. La veine expérimentale de ses premiers écrits
est ici atténuée: l’écriture est désormais plus limpide, mais non moins
féroce. Avec un regard désenchanté mais d’une précision chirurgicale
implacable, et maniant une ironie savamment dissimulée, Alice Ceresa dresse le
portrait intimiste d’une famille ordinaire, pour mettre au jour la structure
profonde de la famille patriarcale et l’aliénation qui inexorablement en
découle. Le livre nous offre la description analytique des rapports entre
chaque composant de ce corps domestique – un père, une mère et deux sœurs –,
du jeu des forces, des tensions et des résistances qui les agrègent, dans le
quotidien partagé au fil du passage des années, de l’enfance à l’âge adulte.
L’écrivain Manganelli dira très justement que, dans Bambine, « il n’y a pas de
dialogue ni de monologue, mais plutôt un chuchotement hypnagogique, un murmure
un peu malicieux, un peu malfaisant – oh, légèrement malfaisant – comme font
les enfants ». C’est avec la traduction de ce deuxième livre en français et en
allemand, que l’auteure se fait enfin connaître dans son pays natal et, plus
largement, dans l’espace francophone et germanophone. Je crois que le secret
de la prose d'Alice Ceresa consistait précisément dans son équilibre réussi
entre le langage de l'intelligence expérimentale et le langage de la mémoire
d'enfance. – Dacia Maraini «Je n’écris pas pour écrire, mais parce que je
dois. C’est pourquoi je procède très lentement, parce que je ressens
l’exigence d’un langage précis, presque mortel. Je suis très sévère avec mon
écriture, j’exagère peut-être, mais pour moi raconter est un acte, ou plutôt
un rite sacré.» Alice Ceresa naît à Bâle en 1923 – ou plutôt, comme elle le
dira elle-même, «la manie suisse italienne de la migration familiale l’a fait
naître à Bâle», «déjà émigrée» donc. Elle grandit et fait ses premières années
d’école primaire dans un environnement bilingue, germano-italophone.
Lorsqu’elle a cinq ans, la famille s’installe à Bellinzone (Tessin). De cette
expérience, qui fut, selon ses termes, presque aliénante, émergera une
conscience du lien profond reliant identité et langue, qui façonnera sa
réflexion et son travail d’écrivain. Après sa scolarité obligatoire, Alice
Ceresa fait une école de commerce mais, une fois obtenu son diplôme, elle se
détourne de cette voie qui lui a été imposée par son père, mue par un désir
inébranlable d’étudier la littérature. Elle quitte alors le foyer familial en
1940 et se rend à Lausanne, où elle décide d’entamer des études de lettres.
Essayant tant bien que mal de concilier études, écriture et petits boulots
pour survivre. Ses pérégrinations à la recherche d’un gagne-pain l’amènent
d’abord à Berne puis à Zurich, où elle s’installe en 1943 pour travailler
comme journaliste culturelle (notamment pour Die Weltwoche et Svizzera
italiana), et où elle fréquente des cercles de « fuoriusciti », des écrivains
italiens fuyant le fascisme et exilés en Suisse, parmi lesquels Luigi
Comencini, Franco Fortini et surtout Ignazio Silone, qui l’accompagnera dans
ses premières activités littéraires. L’année 1943 est aussi celle de sa
première publication: le récit Gli altri (paru dans la revue Svizzera italiana
et primé par la Fondation Schiller). Dans l’immédiat après-guerre, Ceresa est
envoyée comme correspondante culturelle en France et en Italie, notamment à
Milan puis à Rome. Quittant définitivement la Suisse, elle s’installe dans la
capitale italienne en 1950 et y vivra jusqu’à la fin de sa vie. Elle y noue
des contacts avec des personnalités du monde littéraire (Vittorini, Giorgio
Manganelli), dont certaines proches du «Gruppo 63», un réseau avant-gardiste
d’écrivains et d’intellectuels. Alice Ceresa est une écrivaine paradoxale:
elle a beaucoup écrit mais n’a que très peu publié. Au fil de sa vie, elle a
donc égrené de rares publications: trois livres (auxquels l’étiquette de roman
ne conviendrait guère, tellement ils brouillent les catégorisations de genre)
et deux récits, qui ont tous retenu l’attention de la critique par leur style
si singulier. Le travail littéraire de Ceresa est en effet marqué par la
recherche intransigeante d’une langue à même de dire les «aventures
individuelles importantes» de son époque – qui sont, comme toute aventure
réellement importante, «dissimulées et profondes», encore «en attente d’une
identification et d’une systématisation cognitive». L’écrivaine fait
véritablement ses débuts littéraires en 1967 avec La figlia prodiga (Prix
Viareggio Opera Prima; paru en français en 1975 aux Éditions des femmes). Dans
ce livre, conçu comme le premier opus d’une trilogie tout entière consacrée à
dire «la vie au féminin», Ceresa tente de cerner et de définir une figure
insaisissable, celle de la «fille prodigue», pendant féminin et inverse du
fils prodigue de la parabole biblique. Frustrant l’attente des lecteurs
admiratifs de ce premier ouvrage, Ceresa ne publie son prochain écrit qu’en
1979: le récit La morte del padre, publié dans la revue Nuovi Argomenti. Dans
ce récit, Ceresa s’attache à scruter, avec la même langue incisive qui la
caractérise, les retrouvailles des membres dispersés d’une famille après la
mort du père. Enfin, paraît en 1990, vingt-trois ans après La fille prodigue,
le deuxième livre de Ceresa: Bambine (à nouveau publié chez Einaudi, Prix
Schiller), présenté rétrospectivement comme le deuxième opus de la trilogie.
Avec Bambine, Ceresa continue son observation et sa dissection du corps
familial. Ceresa travaille également, durant une grande partie de sa vie, à un
Petit dictionnaire sur l’inégalité féminine: ce dictionnaire, qui comporte des
entrées très variées (de l’Âme à la Vie, en passant par la Beauté,
l’Éthologie, la Mode féminine ou la Norme), est resté inachevé et a été publié
de façon posthume en 2007 aux Éditions Nottetempo. En parallèle de ses projets
d’écriture, Alice Ceresa mène en outre une activité de traductrice (de
l’allemand, de l’anglais et du français vers l’italien). Elle traduit, entre
autres, Gerold Späth, Helmut Heissenbüttel et Elias Canetti. À la fin de sa
vie, Alice Ceresa continue de travailler au troisième et dernier opus de sa
trilogie, mais ne parvient malheureusement pas à l’achever. Elle décède à Rome
en 2001. Son fonds, riche d’œuvres inédites et de projets inachevés, contenant
également sa bibliothèque personnelle, est conservé depuis 2003 aux Archives
littéraires suisses (Berne).
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