La première librairie coopérative de Bruxelles !
Commandez en ligne 24h/24, 7jours/7 !

Click and collect (commande en ligne et livraison gratuite en magasin)
Livraison à domicile à vélo via une coopérative locale dans toute la Région Bruxelles Capitale !

Chaussée d'Alsemberg, 374
1180 Uccle - BRUXELLES
contact@quartierlibre.coopTel.: +32 23 15 45 27

 

 

Posés les uns à côté des autres
EAN13
9782889071333
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
C. F. RAMUZ
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
S'identifier

Posés les uns à côté des autres

Zoé

C. F. Ramuz

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782889071333
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    6.49

  • Aide EAN13 : 9782889071340
    • Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
    6.49

Autre version disponible

« Oui, nous sommes des pauvres gens, c’est vrai, avec des toutes petites vies.
Six cents, six à sept cents, qui vivent ensemble et ils font chacun en vivant
son petit bruit. La plume grince sur le papier. Le maréchal tape sur son fer
rouge : un gros homme, l’air réjoui, avec un tablier de cuir. » Utilisée par
Ramuz dès 1919, l’expression « Posés les uns à côté des autres » revient
régulièrement au cours des décennies suivantes, sous la forme de titres de
projets, figurant dans divers textes publiés (Adam et Eve, La Beauté sur la
terre)… la récurrence fait lentement mûrir ce qui deviendra, en 1943, un
manuscrit complet, le plus abouti, la plus radical en termes narratifs et
thématiques. En effet, les chapitres s’y succèdent par juxtaposition, chacun
consacré à un personnage ou à une situation particulière ; la cohérence
narrative tient par le lieu et le temps, les personnages évoluant de manière
contemporaine et dans le même espace géographique, le village. Narration et
titre transcrivent la force avec laquelle Ramuz considère la séparation comme
malédiction du genre humain. Et la création artistique comme seule moyen de
combler ce gouffre existentiel : « Les temps sont, eux aussi, posés les uns à
côté des autres : Parisod, c’est le passé ; le jeune homme, c’est le présent.
L’un est comme les vieux de la campagne et il n’y a point de différence dans
leur aspect entre le temps où ils travaillent et celui où ils se reposent ;
l’autre comme les jeunes d’aujourd’hui qui suivent la mode, et se changent et
se font beaux, sitôt qu’ils ont fini leur journée. » Ramuz met aussi en scène
ses préoccupations personnelles d’homme vieillissant pour qui la mort
approche, à travers des figures d’hommes âgés, saisis dans toute leur
profondeur : « Ils ne vont pas vite, Murisier même boite tout à fait avec une
jambe qui ne va plus, toute déjetée et nouée, bien qu’il ait encore les
cheveux noirs et une moustache noire dans une petite figure plissée sous un
vieux chapeau de feutre ; tous trois avec des rhumatismes et le dos qui leur
fait mal ; et une petite pluie leur tombe dessus maintenant (c’est un mauvais
temps pour la vigne). Devenoge avec des plaques roses dans une figure gris de
cendre, Cloud tout blanc, et les cheveux longs dans la nuque, avec une
mauvaise toux qui lui secoue les épaules et ne veut pas sortir, parce qu’elle
a une racine et on n’arrive jamais à l’avoir jusqu’à la racine, cette toux. »
Roman écrit au crépuscule d’une vie, Posés les uns à côté des autres
témoignent de la disparition d’un monde, la société patriarcale remplacée par
une autre, où l’individu devient la mesure et l’horizon de toute chose, mais
où il est aussi livré à lui-même. « C’est drôle, disait-il, comme on voit
le monde quand on est là-haut. Quand on les voit d’en bas, les choses sont
mises les unes devant les autres ; elles se gênent. Il faut qu’on monte si on
veut les débrouiller. Parce qu’alors voilà elles sont posées les unes à côté
des autres et il y a des vides entre elles ; on les voit toutes, on peut
comparer. Tu vois en même temps une vieille qui pousse sa poussette pleine de
bidons à benzine où elle a mis de l’eau et une auto qui file à 100 kilomètres
heure sur la route ; elle, elle en fait bien 4. Tu vois en même temps ces
petites rues étroites et un énorme camion qui cherche à y entrer. Les
différences, tu compares. Les temps qui sont posés les uns à côté des autres,
les anciens temps et les nouveaux, ce qui est passé, ce qui est fait, ce qui
est en train de se faire, ce qui a été, ce qui est, ce qui va être, et que ça
ne tient plus ensemble, et que ça vit quand même ensemble comme ça peut. »
Charles-Ferdinand Ramuz, né en 1878 à Lausanne, vit dix ans (1904-1914) à
Paris où il fréquente Charles-Albert Cingria, André Gide ou le peintre René
Auberjonois. En 1914, Ramuz revient en Suisse et s’installe dans les vignes du
Lavaux. Il rédige le manifeste des Cahiers vaudois. Cette revue, autant que
maison d’édition, réunit les créateurs majeurs de Suisse romande (Cingria,
René Auberjonois, Gustave Roud), mais aussi Romain Rolland ou Paul Claudel.
Son œuvre est une série de variations sur l’amour et la mort, seuls sujets
vraiment dignes d’être traités, de l’aveu de Ramuz. Ses audaces stylistiques
lui valent le reproche de mal écrire « exprès ». Mais il n'est de loin pas
partagé par tous : dès 1924, Grasset publie les livres de Ramuz et lui assure
ainsi un succès auprès des critiques et du public. Son œuvre est aujourd’hui
publiée dans la collection de la Pléiade.
S'identifier pour envoyer des commentaires.