La fraternité : entre mythe et espérance

Bien installé dans le paysage tant mental que topographique de notre société,
devise de la République, la fraternité, considérait André Malraux, constitue
le mythe fondamental de cette société, depuis la Révolution de 1789. Mythe
vivace, que tous les désaveux d'une histoire de la violence n'ont pu jusqu'ici
faire chuter. Toutefois le beau symbole vit aujourd'hui à l'heure d'une autre
révolution, celle du numérique, des réseaux sociaux et de l'intelligence
artificielle. Sous couvert d'un universel de la communication, la fraternité
se voit sapée dans ses fondements humanistes, dans un contexte de perte de
réalité de l'humain et des équilibres de la vie sociale. Si le mot circule
toujours, c'est au risque d'être vidé de sa chair de sens, mot-écran pour des
états de chose contraires. La philosophie est ici requise afin de renouveler
la notion, lui rendre des couleurs d'espérance pour l'humain.