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Townes van Zandt

Hier, comme depuis plusieurs jours, je jouais frénétiquement de mes interrupteurs neuronaux dans l'espoir de voir s'allumer une idée de sujet qui me permettrait d'étrenner à peu près correctement le nouvel espace d'expression que Quartier Libre m'a fait le plaisir de mettre à ma disposition. Me heurtant à une obscurité persistante, je torturais même les quelques mots qui m'étaient tombés sous les doigts pour qu'ils me balancent deux trois complices susceptibles de former une phrase valable. En vain.

Dehors, il semblait y avoir une rediffusion d'un de ces après-midis de l'été indien dans lequel on se prélassait il y a un peu plus d'un mois, quand on faisait semblant d'ignorer que notre avenir collectif est aussi incertain que celui d'un descendant de Louis Michel dont la place en politique ne serait pas assurée. Alors, j'ai laissé mes petits bouts de phrases tout triturés sur mon clavier et je suis sortie prendre l'air.

Au JT, j'avais vu plein de files devant les magasins et comme je n'aime pas trop les gens, encore moins quand ils sont potentiellement contagieux, j'ai circonscrit ma ballade au chemin le plus direct vers mon disquaire. A l'instar d'une librairie, un magasin de disques est un lieu où je pourrais flâner des heures. Je m'y sens vite chez moi. Et sitôt que mes doigts commencent à faire défiler les vinyles, à la recherche de rien en particulier mais toujours prêts à sortir d'un bac un trésor inattendu, mon cerveau se met à ronronner et propage ses ondes apaisantes jusqu'aux pythies de l'hypocondrie et de l'anxiété qui squattent le sanctuaire de mes angoisses, mettant un terme momentané mais appréciable à leurs oracles apocalyptiques.

C'est donc chez mon disquaire que j'ai trouvé tout ce que je cherchais : une bande-son pour un automne confiné et un truc à raconter. La bande-son s'appelle « Townes van Zandt », elle est de Townes van Zandt et sur la pochette il y a une photo de Townes van Zandt, pour qu'on ne s'y trompe pas. Assis à la table de sa cuisine, la tête reposant dans sa main gauche, les yeux clos, il pourrait tout aussi bien dormir que penser mais il y a, peut-être par la parfaite symétrie du cliché, peut-être par ses couleurs, ou peut-être par la lumière qui vient de la porte ouverte sur la gauche, quelque chose de serein qui s'en dégage. Il en va de même pour ses chansons qui parlent d'amours déçues, d'errance et de détresse mais dont il se dégage pourtant une certaine chaleur, un sentiment pas très éloigné du réconfort. Je cherchais ce disque depuis des années, mais il s'obstinait à me passer sous le nez alors, pour éviter qu'il ne se volatilise encore, j'ai quitté mon disquaire en lui souhaitant bon courage et en emportant Townes, sa cuisine, ses songes fatigués et quelques autres albums avec moi. Dehors, cette fois, c'était le noir et la pluie et la souffrance oubliée des gens qui, portant un masque sous leurs lunettes, n'y voient plus rien. C'était le métro bondé, le tram bondé, le retour à la réalité crasseuse et froide du moment.

Une fois rentrée, heureusement, j'ai posé le disque sur la platine puis l'aiguille sur le disque et, assise bien au milieu de deux enceintes pour ne rien en manquer, je me suis dit qu'il n'était pas exclu que tout finisse un jour par aller mieux.

P.S : Mon disquaire s'appelle Balades Sonores, il se trouve Rue Saint-Ghislain,55 à Bruxelles. Comme plein de petits commerces, la période qui s'annonce va être rude pour eux. Ils vont mettre en place un système de "click & collect" pour ceux/celles qui voudraient se faire plaisir en les aidant.

Labrêle aux doigtsdormants

Lire la biographie officielle : To Live's to Fly, The Ballad of the Late, Great Townes Van Zandt