Morale et religion au temps de la crise moderniste

La «crise moderniste», au début du XXe siècle, fut un événement sans pareil
dont on peut encore tirer de précieux enseignements. Elle posait, en somme, le
problème du rapport entre morale et religion, théoriquement mais aussi
pratiquement, et notamment sur les plans de la vie subjective ou encore
sociopolitique.

Pierre Colin (1923-2009) fut un des plus grands spécialistes de la crise
moderniste, qu'il étudia comme historien et comme philosophe. Il était un
maître, un savant et aussi un joaillier de la langue française dont il fit un
bel outil philosophique. Hubert Faes, qui fut son élève, puis son collègue, à
la Faculté de philosophie de l'Institut catholique de Paris, a patiemment
rassemblé ici vingt textes écrits entre 1980 et 2003, dont deux sont inédits.
Ces études nous plongent dans des débats passionnants, ceux qui furent dominés
par Maurice Blondel, Lucien Laberthonnière ou Gabriel Marcel et où l'on rejoue
les grandes questions philosophiques que sont la vérité, la liberté,
l’existence, l’intersubjectivité. Cette crise ne fut pas seulement la scène de
controverses entre moralistes et hommes de religion. Il y avait aussi un débat
exigeant sur les rapports entre religion et modernité, ce qui n’est évidemment
pas sans intérêt pour les temps troubles que nous vivons.