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Combattantes, Le genre entre guerre et paix
EAN13
9791025206072
Éditeur
Les Pérégrines
Date de publication
Collection
GENRE !
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Combattantes

Le genre entre guerre et paix

Les Pérégrines

Genre !

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9791025206072
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    13.99

Autre version disponible

Quand on parle des femmes et de la guerre, deux visions opposées émergent :
celle, un peu essentialiste, qui présente les femmes comme victimes ou
pacificatrices (selon l’idée que les hommes font la guerre que subissent les
femmes), et celle qui glorifie des combattantes présentées comme
exceptionnelles, reproduisant une vision polarisée de la guerre qui ne
prendrait en compte que ceux (et celles) présents sur le champ de bataille. Le
discours sur les combattantes est le plus souvent positif, en particulier
lorsqu’il s’agit de parler de celles engagées du « bon côté » : les
résistantes pendant la Seconde Guerre mondiale, les militaires françaises
actuelles ou encore les femmes kurdes luttant contre Daesh. Quant à celles
combattant du « mauvais côté », c’est-à-dire au sein d’organisations
terroristes et plus généralement pour le compte de l’ennemi, leur engagement
est le plus souvent abordé comme l’illustration du dysfonctionnement de leur
société d’origine. Aussi intéressantes soient-elles, ces lectures de la
participation des femmes contribuent à la dépolitisation du phénomène : tant
que les femmes combattantes restent considérées comme des individus
exceptionnels, les discours à leur sujet ne remettent pas en cause les
assomptions traditionnelles sur la guerre, et donc la guerre elle-même. Depuis
une quinzaine d’années, Camille Boutron fait de la recherche de terrain en
Amérique du Sud et en France sur l’engagement des femmes dans les conflits
armés et organisations militarisées. Elle s’est intéressée en particulier à la
façon dont les femmes pouvaient agir et étaient perçues dans des contextes où
les valeurs traditionnelles liées au genre se trouvaient bouleversées. La
première enquête concerne la participation des femmes au conflit armé ayant
déchiré le Pérou dans les années 1980-1990 et cherche à reconstruire les
itinéraires de vie de femmes ayant pris les armes au sein des guérillas
révolutionnaires. En Colombie, Camille Boutron a plutôt cherché à comprendre
quels étaient les rôles des femmes dans le cadre des négociations de paix
entre la guérilla des FARC et le gouvernement colombien entre 2012 et 2016.
Dans sa troisième enquête, elle s’est intéressée aux armées françaises, au
moment où elle intégrait un centre de recherche du ministère des Armées. Sa
recherche portait sur la façon dont l’agenda onusien Femmes, paix et sécurité
– un vaste programme multilatéral visant à mieux prendre en compte les femmes
dans les questions relevant de la sécurité internationale – se voyait investi
par les armées françaises. Au-delà des femmes combattantes, ces recherches
avaient pour objectif de porter un autre regard sur l’univers guerrier, qu’il
s’agisse des luttes révolutionnaires ou des armées professionnelles, en
interrogeant chaque fois comment les femmes y étaient perçues et quelle place
leur était donnée. Y étaient-elles valorisées ? Ou au contraire devaient-elles
faire face à des freins les ramenant sans cesse à leur « condition féminine »
? Une femme peut-elle être cheffe de guerre au même titre qu’un homme ? Quel a
pu être l’impact de la montée en puissance des revendications féministes sur
les politiques internationales de défense et sécurité ? Dans cet essai,
Camille Boutron revisite le fait guerrier en y portant un regard féministe, ce
qui suppose de déconstruire en profondeur nos assomptions courantes sur la
guerre. Il ne s’agit pas seulement de faire le récit de trajectoires
d’exception en montrant que les femmes peuvent elles aussi s’engager sur un
champ de bataille, mais plutôt de montrer comment la guerre et le patriarcat
s’alimentent mutuellement afin de perpétuer un système mondial à bout de
souffle. L’enjeu est bien de proposer une lecture critique de la guerre et du
militarisme en tant que dispositifs de domination entre les peuples et les
nations. Parler des femmes combattantes, ce n’est donc pas se contenter de
prendre le contre-pied d’un récit hégémonique sur la guerre en montrant que «
les femmes aussi peuvent combattre », mais remettre radicalement,
ontologiquement en question le rapport que nos sociétés entretiennent avec le
fait guerrier en tant que pratique sociale et politique. Camille Boutron est
sociologue, autrice et cavalière. Ne brillant pas dans sa pratique de
l’équitation malgré une passion dévorante, elle se forme en tant
qu’historienne puis se dirige vers la sociologie après être tombée follement
amoureuse du Pérou lors d’un premier voyage en 2003. Son manque criant de
talent manuel ne lui permet pas de vendre des bracelets artisanaux sur les
plages, alors elle trouve le moyen d’y retourner en choisissant des études qui
requièrent de mener des enquêtes de terrain. Son intérêt pour les femmes
combattantes naît d’une rencontre improbable avec une ancienne militante du
Sentier lumineux (le Parti communiste péruvien). Ses recherches la mènent
ensuite en Colombie, où elle occupe un poste d’enseignante-chercheuse à
l’université des Andes à Bogota. Elle opère finalement un virage radical et
délaisse l’Amérique latine et les guérillas pour la France et ses armées. Sa
réflexion sur les femmes combattantes prend une autre dimension et un tour
plus personnel, alors que l’Europe se voit de nouveau touchée par la guerre.
Camille Boutron a enseigné dans plusieurs universités, en France et à
l’étranger, et publié de nombreux articles académiques, sans jamais vraiment
réussir à se conformer aux règles du monde universitaire. Elle assume
aujourd’hui une pratique de la sociologie qu’elle se plaît à envisager comme
outil d’émancipation accessible au plus grand nombre. Après avoir grandi à
Paris et vécu près d’une dizaine d’années entre Lima, Montréal et Bogota, elle
a finalement posé ses valises dans le petit village de Saint-Sauvant, dans la
Vienne. Et bien qu’elle soit toujours aussi médiocre sur le dos d’un cheval,
elle a repris la pratique de l’équitation et tente désespérément de briller
sur les terrains de concours complet, où elle n’a pas dit son dernier mot.
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