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Petites notes quotidiennes (ou presque), Journal 1933-1936
EAN13
9782889073078
Éditeur
Zoé
Date de publication
Collection
ZOE POCHE
Langue
français
Langue d'origine
français
Fiches UNIMARC
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Petites notes quotidiennes (ou presque)

Journal 1933-1936

Zoé

Zoe Poche

Livre numérique

  • Aide EAN13 : 9782889073078
    • Fichier EPUB, avec Marquage en filigrane
    7.49

  • Aide EAN13 : 9782889073085
    • Fichier PDF, avec Marquage en filigrane
    7.49

Autre version disponible

À strictement parler, le Journal de Gustave Roud n’existe pas. Contrairement à
d’autres auteurs, plus méthodiques, qui remplissent des carnets et parfois les
publient de leur vivant, le poète a toujours multiplié les supports d’écriture
: cahiers d’écolier, feuillets volants, bloc-notes, agendas, et même le verso
de lettres reçues ou de cartes géographiques – il écrit sur tout ce qui lui
tombe sous la main. Les premières notes conservées remontent à 1916, il a
alors 19 ans. Au cours des mois qui précèdent sa mort en 1976, il n’inscrit
plus que de brèves lignes dans son agenda. Ces soixante années de pages
éparses ont donné lieu à trois éditions posthumes – autant de manières d’«
inventer » le Journal de Gustave Roud. La dernière en date, qui constitue le
volume 3 des Œuvres complètes parues chez Zoé en 2022, comptabilise 1280
pages. Comment choisir, qu’extraire de cette foison de notes sauvées au fil
des jours, le temps d’une vie entière ? Les premiers cahiers, dont le jeune
homme, en esthète imprégné de Gide, Claudel et Mallarmé, soigne la
présentation et dans lesquels il déploie un style noble, loin de la simplicité
à laquelle il tendra plus tard ? Ou à l’autre bout, les pages de la maturité,
dans les années 1960, quand Roud travaille à son dernier livre, Campagne
perdue ? Quelque part entre les deux ? Au printemps 1933, Gustave Roud, 36
ans, tire une sorte de bilan de sa vie depuis 1927. Cette année-là, il
contractait un début de tuberculose et son entrée au sanatorium coïncidait
avec la publication de son premier livre, Adieu. À son retour en plaine, il
est engagé comme secrétaire de rédaction à Aujourd’hui, un hebdomadaire dirigé
par C. F. Ramuz, qui est alors au sommet de sa gloire. Après une centaine de
numéros, Aujourd’hui cesse de paraître et Roud se retrouve désœuvré. Mais
entretemps, il a écrit trois autres livres – le dernier, Essai pour un
paradis, sortira de presse en mai 1933. « Je crois que pour tous – presque
tous – ce printemps est très gai ; les jeunes hommes sifflent ou chantent
autour de moi quand je travaille au jardin ou au verger, dans le village ; une
espèce d’allégresse dans l’air. » Mais ces années, riches sur le plan
professionnel et littéraire, sont aussi marquées par une série de deuils.
Gustave et Madeleine Roud perdent tour à tour leur père, leur grand-mère, puis
l’une de leurs tantes. En mars 1933, leur mère décède au terme d’une longue
maladie. C’est là-dessus que s’ouvrent ces Petites notes quotidiennes (ou
presque), qui témoignent de la recherche, par Roud, d’une forme et d’une
langue qui lui permettraient d’établir le contact avec les personnes disparues
– une sorte de « mysticisme intuitif », comme le dit Alessio Christen, qui a
établi cette édition. La quête du poète aboutira, en 1967, à la publication de
Requiem, le livre que beaucoup considèrent comme son chef-d’œuvre. Mais un
deuil, c’est aussi la vie qui se poursuit, et en ce début des années 1930, la
vie de Roud est tournée vers Olivier Cherpillod, un voisin paysan qu’il admire
et qu’il aime, tout en sachant que la réciproque n’est pas vraie. Il
l’accompagne aux champs, dans les bois, il le regarde travailler et le prend
en photo. « Avant de repartir faucher le dernier champ, Olivier allume une
pipe sur le banc vert, à côté de moi, tandis qu’une poule convalescente picore
du maïs – si beau que je désespère de jamais le saisir avec des mots, dans un
poème » L’écriture devient presque documentaire lorsqu’elle s’attache à
décrire l’existence au village, les travaux des champs, les accidents, les
enterrements. Roud use pour cela d’une langue précise, nommant les lieux-dits,
les espèces botaniques, les vents. Et puis, toujours, il photographie : «
Mercredi 12 juillet 1933 Vent et pluie. Construction du porte-châssis de mon
appareil à portraits. Aucune sortie de toute la journée : fatigue et sommeil.
Le temps que je perds à ces rêvasseries ! Essai de l’appareil, le soir :
portrait de M[adeleine] à la lampe. » Agrémenté de photographies, ce volume
veut aussi donner à voir cette part de l'œuvre. Les années 1933-1936 du
Journal sont également assez représentatives de la variété de supports
employés par Roud – et donc aussi de formes et de tons. Le manuscrit « M[aman]
bois de Vucherens », dans lequel le poète entreprend de relater les derniers
mois de sa mère, montre son sens du récit, des descriptions, avec un souffle
narratif assez inhabituel chez lui. Il y a une urgence poignante dans ce
texte, que le fils orphelin veut écrire au moment où il sent qu’il commence
déjà à oublier. Le second manuscrit, intitulé « Matériaux et plans pour
“Villages” », éclaire un autre pan, essentiel et très caractéristique de
l’activité de Roud : la construction de ses recueils à partir de notes de
journal. En ce début des années 1930, il songe à un livre qu’il intitulerait «
Villages » et rassemble dans ce but des fragments qui constituent, de fait, un
ensemble en soi, même si le projet ne se concrétisera pas. « Par moments, le
sentiment que “Villages” prendra forme. Il faudra trouver une charpente à
mille “sensations”. » On voit l’écrivain penser à son livre, réfléchir à une
épigraphe, s’en éloigner, y croire à nouveau. L’agenda de 1933 propose une
succession de notes brèves, quotidiennes, des pense-bête où Roud inscrit le
temps qu’il fait et à quoi il passe ses journées : jardinage, lectures,
visites, événements villageois – activités prosaïques et monotones, mais c’est
sa vie cette année-là, ses matinées, ses après-midis, ses soirées. Les
moissons, le premier colchique. « Fraises exquises, épilobes, reines-des-prés
splendides. Tristesse. » Un torse nu devient une « tache dorée qui peuple le
monde ». À deux reprises, Roud formule le plaisir qu’il éprouve à se retrouver
seul, « c’est-à-dire un peu moi-même ». Il capte le passage du temps et en
tente une transcription. Mais pas de complaisance dans sa démarche, au
contraire, une certaine sévérité : « J’ai l’esprit ailleurs – et à quoi bon
noter, noter à tout prix des choses tout de suite mortes ? En relisant tout à
l’heure un agenda de 1933, des plus belles journées je ne savais plus rien
faire revivre, même avec les notes prises au jour le jour. » Contrairement à
ce que son titre laisse entendre, le cahier de 1935, « Petites Notes
Quotidiennes (ou presque) », est assez irrégulier, mais il contient des pages
plus amples que l’agenda. Par exemple le récit d’une journée d’automne avec
Ramuz, l’éditeur Mermod et deux amis peintres. Les description des paysages
que Roud a sous les yeux alternent avec les propos sur l’art et les réflexions
sur soi. Il redit ce qu’il sait depuis toujours : « j’ai senti soudain combien
la poésie, au fond, était ma seule raison d’être. » Gustave Roud (1897-1976) a
été un acteur culturel majeur de Suisse romande. Son travail de poète, de
traducteur, de critique et de photographe lui vaut une admiration
grandissante. Grand marcheur, découvreur et déchiffreur infatigable des
paysages du Jorat, cette région de plaine et de collines où il a vécu toute sa
vie, Roud ne considère pas la campagne de l’extérieur, comme un décor : il
entretient une relation intime et intense avec tout ce qui vit – arbres et
fleurs, forêts, champs et prairies, oiseaux et bêtes sauvages, ciel et
constellations, étangs et rivières. Il se révèle d’une grande pertinence
aujourd’hui, alors que notre rapport à la nature et au vivant doit être revu
de toute urgence. Son désir pour les hommes, qu’il n’a jamais pu vivre
ouvertement, se déploie dans les descriptions précises et troublantes des
paysans qu’il observe travailler, le plus souvent torse nu. Mais au-delà des
corps, c’est aussi un mode de vie qu’il documente – toute une ruralité sur le
point de se transformer radicalement en basculant dans la modernité. La
publication chez Zoé en 2022 de ses Œuvres complètes a permis de prendre la
juste mesure de cet écrivain inquiet, dont beaucoup ont souligné le caractère
envoûtant de la prose lyrique. « Ici se croisent les sentiers de la méditation
et ceux, plus sauvages, du voyage spirituel. » (Michel Crépu, Télérama) Dans
la foulée de cette publication, Zoé poursuit sa série de poches, initiée avec
Essai pour un paradis et Air de la...
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