Les antitout

Curieuse, étonnante, exceptionnelle, insolite et exaltante carrière. À 11 ans
½, quitte l'école, travaille comme ouvrier gantier jusqu'à 28 ans, entre dans
l'administration des Poudres, comme auxiliaire, puis devient agent comptable
central du service des Poudres et du service des essences des armées,
c'est-à-dire gestionnaire de deux grosses régies industrielles d'État et, de
plus, se retrouve chargé de cours de comptabilité et d'administration aux
élèves ingénieurs militaires des Poudres (polytechniciens). Tel est l'auteur
des « Antitout ». Son premier ouvrage est un témoignage vécu du temps où la
jeunesse ouvrière, une jeunesse combien orageuse, se cherchait et prenait
conscience de son poids. C'était l'époque, où la Confédération générale du
travail était aux mains des libertaires, où les guides du mouvement syndical
étaient les frères Griffuèle, Georges Yvetot, Émile Pouget et même Léon
Jouhaux. Les maîtres que suivait la jeunesse ouvrière de France, étaient
alors, non pas Karl Marx, mais Proudhon, Bakounine, Élisée Reclus, Kropotkine.
C'était aussi l'époque, où une fraction importante de l'intelligence française
flirtait avec l'anarchie. L'auteur s'est trouvé mêlé, très activement, aux
luttes sociales et religieuses de ce temps. Fils d'un vieux militant du
socialisme romantique de 1890, M. Bourgoin n'a pas tardé à déborder l'action
de son père, créant à 19 ans, à côté des syndicats, un groupe appelé «
Germinal », qui se trouvait à la pointe de tous les conflits sociaux de 1900 à
1906, reproduisant - en les amplifiant - toutes les tendances philosophiques,
politiques, économiques de cette époque fiévreuse. L'auteur a tenté une
peinture des événements vécus et des personnages locaux, régionaux, nationaux,
obscurs ou connus qu'il a approchés, entre autres : Marcel Cachin, Louise
Michel, Sébastien Faure, etc. Il a connu également, et dépeint, de nombreux
spécimens de la faune anarchiste : Libertad, Lorulot, Ernest Giraud, et
jusqu'à la maîtresse de Carrouy, de sinistre mémoire. Enfin, l'histoire
véridique de cette jeunesse troublée est agrémentée par quelques idylles
sentimentales, entre autres, une amourette éclose derrière les murs de la
prison de Rochechouart.