- EAN13
- 9782226303592
- Éditeur
- Albin Michel
- Date de publication
- 03/2016
- Langue
- français
- Fiches UNIMARC
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Cette âme ardente...
Choix de lettres de André Suarès à Romain Rolland (1887-1891), cahier n° 5
Romain Rolland
Albin Michel
Livre numérique
La destinée qui les éloigna [Romain Rolland] de [Suarès] ne les sépara jamais
complètement. Tandis que la publication de Jean Christophe révélait au grand
public le nom et l'oeuvre de Romain Rolland, Suarès demeura longtemps pauvre
et isolé, se faisant par sa sauvagerie et ses violences moins d'amis que
d'ennemis. Ignoré, solitaire, accablé, après la perte de son père et de sa
fortune, par la mort accidentelle de son frère bien-aimé Jean, beau et
brillant marin, qu'il immortalisa dans un livre douloureux, le pauvre grand
homme connut des années de peine, à Meudon où il nous suivit, à Paris où il
trouva, avec l'amitié de quelques hommes, l'admiration étonnée de quelques
femmes au grand coeur. Son existence alors, sa fuite forcée pendant la
dernière guerre, ses désespoirs et ses consolations mériteront d'autres
récits. Rolland le précéda de peu dans la mort ; mais Suarès eut le temps de
pleurer cette grande amitié disparue, dont il sentit mieux le prix.
En lisant leur correspondance où tant de sujets sont abordés, où tant de
pensée et de savoir s'échangent, on jugera de l'étendue, de la sincérité et de
la vigueur de ces deux esprits si différents et si fraternels. Le compagnon de
leur jeunesse, qui leur survit encore, peut leur rendre ce témoignage : leur
conscience à tous deux fut également résolue, leur coeur, pareillement
sensible à tous les frissons de ce petit univers.
Maurice Pottecher
complètement. Tandis que la publication de Jean Christophe révélait au grand
public le nom et l'oeuvre de Romain Rolland, Suarès demeura longtemps pauvre
et isolé, se faisant par sa sauvagerie et ses violences moins d'amis que
d'ennemis. Ignoré, solitaire, accablé, après la perte de son père et de sa
fortune, par la mort accidentelle de son frère bien-aimé Jean, beau et
brillant marin, qu'il immortalisa dans un livre douloureux, le pauvre grand
homme connut des années de peine, à Meudon où il nous suivit, à Paris où il
trouva, avec l'amitié de quelques hommes, l'admiration étonnée de quelques
femmes au grand coeur. Son existence alors, sa fuite forcée pendant la
dernière guerre, ses désespoirs et ses consolations mériteront d'autres
récits. Rolland le précéda de peu dans la mort ; mais Suarès eut le temps de
pleurer cette grande amitié disparue, dont il sentit mieux le prix.
En lisant leur correspondance où tant de sujets sont abordés, où tant de
pensée et de savoir s'échangent, on jugera de l'étendue, de la sincérité et de
la vigueur de ces deux esprits si différents et si fraternels. Le compagnon de
leur jeunesse, qui leur survit encore, peut leur rendre ce témoignage : leur
conscience à tous deux fut également résolue, leur coeur, pareillement
sensible à tous les frissons de ce petit univers.
Maurice Pottecher
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